Un cas photographique qui restera longtemps exceptionnel par l'incapacité à prouver un faux, le nombre et la qualité des témoins. Ces derniers, souvent contraints au silence par leur fonction militaire, resteront longtemps difficiles à retrouver hormis les proches du photographe.
L'Ile de Trinidad (Brésil) ou de Trinidad appartient au Brésil. Située à 20° 30' latitude sud et 29° 20' longitude ouest au large de la côte brésilienne à près de 1 millier de km de Rio de Janeiro), c'est un rocher désert de l'Atlantique Sud ayant servi de base sous-marine américaine durant la 2de guerre Mondiale.
Il sert maintenant d'observatoire météo, et une station océanographique (POIT) s'y est développée suite à l'IGY. Le capitaine de corvette Carlos Alberto Ferreira Bacelar, responsable de ces installations sur l'île.
Par 2 fois, Bacelar a cependant vu un ovni au-dessus de l'île, notamment une fois au théodolite le le .
Quelques jours avant l'arrivée de l'Almirante Saldhana l'ovni a été photographié par un des
témoins, un sergent de la Marine. L'homme prenait des photos sur l'île avec un appareil (box camera)
lorsqu'il repéra l'ovni se déplaçant dans le ciel. Il prit un cliché avant qu'il ne disparaisse. Le négatif fut
immédiatement demandé par le commandant Bacelar et le film fut développé le même jour.
L'image aurait montré un objet apparemment identique à celui sur les photographies de Almiro Baraúna (nié par Bacelar) s1Fontés, Olavo T.:.
le , le voilier hydrographe brésilien Almirante Saldanha mouille aux abord de l'île pour effectuer des mesures et relevés dans le cadre de l'IGY.
Parmi les 300 personnes à bord se trouve une équipe civile de plongée sous-marine, invitée pour collecter des espèces rares de poissons non trouvées sur la côte. Parmi eux :
vers le , le radar du navire détecte une cible radar non identifiée. Pensant à un défaut du radar, l'homme de quart effectue une vérification de l'appareillage, qui fonctionne normalement.
le , après avoir réalisé l'ensemble de leurs missions jusqu'en fin de matinée, l'équipe de plongée rentre sur l'Almirante Saldanha, qui a jeté l'ancre dans l'Entrée des Portugais. Baraúna ne se sent pas très bien. Il a mal à la tête et a la nausée. Il s'allonge sur le pont.
Se trouve sur le pont, ainsi que :
le géologue et ses 2 assistants ont quitté le navire et se sont rendus sur l'île.
Peu après , d'autres membres de l'équipe s'apprêtent à monter sur un bateau à moteur
pour rejoindre l'île. Baraúna se trouve à la poupe du navire, en train de photographier la remontée de ce dernier,
quand il entend Heho un disque !
Le capitaine Viegas, sur le pont, ainsi que plusieurs scientifiques et
membres de l'équipage, viennent de voir un objet en forme de Saturne
arriver de l'Est. Viegas court chercher
Baraúna qui est dans l'entrepont, et lui dit de prendre son appareil pour venir photographier un disque volant : Apporte
l'appareil, apporte l'appareil.
Plus tard Baraúna racontera : J'ai pris le Roleiflex près de moi
(malheureusement le Leica avec téléobjectif était loin, dans la cabine).
Tous montrent dans le ciel un objet
brillant qui s'approche.
Baraúna raconte :
Cela m'a prit près de pour voir l'objet. Sa lueur semblait ou ressemblait aux rayons du Soleil sur un pare-prise. Je l'ai alors remarqué se détachant sur le fond nuageux. J'ai pris les 3 premières photos. A ce moment, envoyant une lumière à haute vitesse le disque a disparu derrière le Pic Desejado. 2 s plus tard, cependant, il est réapparu volant horizontalement et très bas. Il s'est arrêté environ 5 s au-dessus de la ligne d'horizon et a disparu à nouveau. J'étais si excité que j'ai raté les photos suivantes.
Celui-ci prend son appareil, saute sur le pont, et parvient à prendre plusieurs clichés. A la hauteur du pic,
l'objet fait un virage brutal et repart en direction Est-Nord-Est. 6 photos sont prises. Le photographe Farias de
Azevedo plus éloigné (...) n'est pas arrivé à temps pour prendre des photos
s3Baraúna.
Maura Andrade lui, n'a rien vu : Je n'ai pas été témoin de l'observation car j'étais à l'intérieur du navire,
pas sur le pont
s4 O Globo, 22 Février 1958.
L'observation n'a pas duré plus de . Durant celle-ci, tous les appareils électriques du navire étaient hors service, les ampoules électriques ont faibli, et la radio n'avait plus de signal.
Egalement à bord mais pas sur le pont, Bacelar, déclarera : Je n'ai pas été témoin de l'événement car j'étais
dans ma cabine à ce moment-là
s5Fontés, O.:. Il dira : J'ai été appelé sur le pont
immédiatement après l'événement. Le fait causa une excitation naturelle et la la course des gens vers le pont du
navire, attirés par les cris de ceux qui voyaient l'objet.
En tout, 48 personnes auraient vu l'objet s6Interview de Barauna, cité par Aurélio Zaluar dans UFO OVNI Documento, article de Octobre/Décembre 1979 (Lorenzen parlera de 150) en 2 groupes (proue, poupe). Une grande émotion est constatée chez eux, y compris Baraúna, les civils et les membres de l'équipage, certains tremblant encore, et ayant du mal à se remettre.
Le capitaine demande à Baraúna s'il a pu photographier l'objet. Baraúna dit avoir pris des photos, mais sans savoir s'il a pu enregistrer la présence de l'ovni. On demande si Baraúna peut développer le film à bord, le navire disposant d'un labo photo, mais qui n'a pas servi depuis longtemps. Baraúna y trouve divers produits chimiques plus vraiment utilisables, mais aussi du méthanol et de la sulfite. Il décide alors de développer les photos, remplaçant l'acide acétique par du vinaigre. Il doit aussi réparer le bac de révélation s7Petit, Marco Antônio: Novos fatos sobre o caso Trindade.
en après l'observation, Baraúna développe donc la pellicule de l'appareil devant Bacelar et d'autres officiers. Toujours accompagné de Bacelar, il y entre en short et maillot de corps pour éviter toute possibilité de fraude, accompagné de Viegas, qui tient une lampe électrique sur laquelle est appliquée un cellophane vert. Les chances de brûler les photographies sont grandes : Baraúna ne prend pas le temps de réguler le diaphragme de la machine avant de battre et le film est exposé à trop de lumière. A côté d'eux, Bacelar et d'autres militaires, attendant avec anxiété, certains avec une loupe, prêts à examiner les détails s8Petit, M. A.. Le développement prend 10 mn.
Les négatifs sont alors montrés aux membres de l'équipage, à commencer par Bacelar. Quand Baraúna semble déçu et dit ne rien voir, Bacelar lui montre l'ovni. Les autres témoins reconnaissent aussi l'objet sur les photos comme celui qu'il ont vu en vol. Cependant les photos 4 et 5 ne montrent que la mer et l'île avec l'horizon (Baraúna déclarera avoir été bousculé et que l'objet allait trop vite).
Le navire quitte Trindade. Au souper, le commandant du navire révèle a Baraúna que 3 autres observations ont été faites récemment sur l'île, dont une où Bacelar a été témoin direct. En particulier, il lui indique qu'il ne pourra divulguer les photos qu'après avoir déposé auprès de la Marine.
Le navire arrive à Vitória (état de Espirito Santo), où il doit rester 2 jours. Baraúna demande alors l'autorisation de rentrer toute de suite en bus, avec son équipe. Autorisation accordée, à condition de ne rien divulguer de l'affaire avant la fin de l'enquête que va mener la Marine. A l'aube, ils sont déjà de retour à Niterói (Rio de Janeiro).
Baraúna qui a conservé les négatifs s'essaie à une manipulation pour amoindrir leur surexposition. Cette opération de "lavage" peut être dangereuse pour les négatifs, et Baraúna commence par la photo où l'objet est le plus éloigné, un peu au-dessus de l'horizon. Le résultat est positif et l'image a gagné en clarté. Il applique alors la technique sur les autres photos, puis sort des aggrandissements s9Petit, M. A..
le , le navire repart pour l'IGY et rentre à Rio de Janeiro.
2 jours après l'arrivée de l'Almirante Saldanha à Rio, Bacelar arrive chez Baraúna. Il veut voir les aggrandissements faits à partir des négatifs et demande s'il peut les transmettre aux autorités navales. 2 jours plus tard, les négatifs sont retournés avec remerciements.
On demande également à Baraúna de se présenter au Ministère de la Marine, à Rio, dès que possible. Là-bas il est interrogé de , et on lui demande à nouveau à voir les négatifs : à partir de celui de la 3ᵉ photo - le meilleur - ils appliquent une technique permettant de produire une image en 3 dimensions, permettant ainsi de déterminer la distance entre l'objet photographié et le photographe. L'étude est faite en présence de Baraúna et celui-ci est informé du résultat : l'objet aurait été à une distance de 14 km du navire s10Petit, M. A..
Barauna sera rappelé à nouveau au Ministère. Là, les négatifs lui sont confisqués, et Baraúna remarque que, à leur retour, les bords ont été abîmés. En fait la Marine les a envoyés pour analyse au service photogramétrique du journal Cruzeiro do Sul, où ont été faites des études sur la texture et le grain du film. Aucun signe de trucage n'est décelé. La marine entend un total de 48 témoins, dont des marins, aides, sergents, 3 officiers et l'amiral Pablo Moreira Da Silva. Lors d'une réunion où Barauna est présent, un grand nombre de photos sont déposées sur la table, venant d'autres pays, appartenant à la Marine, mélangées à celles prises par Barauna. Les témoins, y compris Moreira Da Silva, sont invités à identifier les photos de l'observation de Trindade parmis toutes. Tous les identifient, sauf un des marins qui désigne une photographie prise par la Marine argentine dans la Baie de Blanca. Barauna peut voir à l'occasion une des photographies prises à Trindade auparavant, par un sergent.
le , Bacelar est convoqué au Haut Commandement de la Marine pour faire son rapport sur l'incident.
le , le contre-amiral Luiz Felippe Pinto da Luz, sous-directeur du renseignement de la Marine brésilienne, envoie un mémo (qui sera communiqué à l'APRO en octobre en ) au Vice-Chef du Haut
le une lettre du Chef du Haut Commandement de la Marine au Directeur Général pour l'Hydrographie et la Navigation sur les Phénomènes observés au-dessus de l'Ile de Trindade (Recommandations à ce sujet).
Après analyses exhaustives des négatifs et positifs, par le laboratoire du service d'aérophotogrammétrie de la Marine, et par le service photogramétrique du journal Cruzeiro do Sul, les photos sont déclarées authentiques et le Président du Brésil les cautionne de son approbation.
le , Fontès visite le Ministère de la Marine, où on lui montre les 4 photos de Baraúna ainsi qu'une autre. Il ne réalise pas à ce moment que la 5ème image a été prise à Trindade peu avant l'arrivée de Baraúna par un autre photographe, le sergent télégraphe de la Marine. D'après Fontès l'objet semble être le même que celui photographié par Baraúna.
Baraúna vend l'exclusivité des photos aux Diários Associados. Le , il fait également parvenir 4 copies au Président Juscelino mais, au palais, un journaliste du Correio da Manhã obtient les photos et fait la révélation le lendemain. Il vend les photos aux Diários Associados et O Jornal les publie, le même jour que le Correio da Manhã. Par la suite l'Agência Meridional les distribue dans le monde entier, et elles sont publiées dans tous les périodiques tels que Life, Time, et même en Russie. Mais le Diário de Noticias et la Tribuna da Imprensa, qui n'ont pas accès aux photos, vont prendre position contre Baraúna.
Le paraîssent donc les premiers articles sur l'affaire, jusqu'alors tût par l'armée brésilienne.
La Marine a photographié un disque volant au-dessus de Trindade - La Marine Militaire brésilienne a photographié, le 16 Janvier, un disque volant au-dessus de l'île de Trindade. Dans un effort journalistique, le Correio da Manha publie ici certaines des photos prises à l'occasion, depuis le navire-école Almirante Saldanha qui était là-bas pour le compte du Service Hydrographique de la Marine en coopération avec les travaux de l'Année Géophysique Internationale (IGY). Ce sont les premières photos d'un disque volant à apparaître sous un sceau officiel. Elles furent prises par le photographe et cinegrafiste Almiro Barauna, attaché à la Marine. Dans toutes les épreuves ont peut voir le disque clairement. Il était supposé être posé sur le pic de Trindade et décolla verticalement à une vitesse incroyable et évolua pendant quelques minutes. Les officiers et marins virent le disque à l'œil nu et réalisèrent qu'il avait deux bombements - un au-dessus et un en-dessous.Depuis l'aéroport Auriphebo Simões envoie la coupure de presse commentée au CSI s12Lettre de Auriphebo Simoes à Lex Mebane (CSI), 1958-02-23, in The Trindade Island UFO photos/RADAR/E-M case directory, NICAP.
Aprenant l'affaire comme tout le monde par la presse, un certain Sunderland, officier naval de l'ambassade américaine, demande les photos au gouvernement brésilien.
Paulo Moreira da Silva déclare : Je ne peux
encore livrer mes conclusions, car les données sont actuellement en cours d'analyse dans le cadre d'une évaluation
secrète du Ministère de la Marine. Je peux dire, cependant, que l'objet n'était pas un ballon météorologique — car
celui que nous avions lancé ce jour-là fut lâché à , 2 heures avant l'apparition de
l'objet dans le ciel. Ce ballon fut suivi jusqu'à son explosion à l'altitude normale. De plus, alors que l'objet
était entouré d'une lueur verdâtre, notre ballon était lui de couleur rouge. Egalement ce n'était pas un missile des
U. S., parce que l'Ile de Trindade est loin de la route de ces fusées; elles sont lancées de Floride en direction de
l'Ile de l'Ascension
s14Diario da Noite, 22 février 1958. Il déclarera par la
suite avoir vu l'objet lui-même, ainsi que de nombreuses personnes à la responsabilité reconnue
sur le
navire. Plusieurs officiers
sur le navire vérifièrent l'image de l'objet sur les négatifs... excluant
ainsi toute possibilité d'un trucage photographique.
da Silva conclut : Les photos sont
authentiques
s15O Jornal, 26 février 1958 < Fontès, APRO
Bulletin 1960.
L'amiral Antonio Maria de Carvalho déclare aux journalistes :
Je ne peux rien déclarer sur le sujet. Il n'y a rien de concret et positif m'autorisant à faire une déclaration. Il serait prématuré et je serais même puéril si je faisais des déclarations, puisque je n'ai pas d'éléments me permettant de faire un jugement correct s16"Fôlha da Manhñ" de Sao Paulo, 22 février 1958.
Lorsqu'on lui demande si une commission a été désignée pour étudier le sujet il répond :
Il n'y a pas de telle commission. Il y a un groupe de scientifiques associé au "Saldanha da Gama", effectuant des recherches pour l'IGY et ils travaillent depuis plus d'un an. Leurs études ne concernent que l'océanographie. s17"Fôlha da Manhñ" de Sao Paulo, 22 février.
Le commandant Tales Barty du cabinet du président, au sujet des nouvelles selon lesquelles le président ait vu les photos :
Je ne sais rien à ce sujet, mais étant donné les gorges chaudes que s'en fait la presse il est possible que le Cabinet, concernant la nouvelle selon laquelle le président ait vu quelque chose soit vraie s18"Fôlha da Manhñ" de Sao Paulo, 22 février 1958.
Le Capitaine du "Saldanha da Gama" dira Il est étrange que le fait ait été communiqué à la presse. Je n'ai rien
à dire sur l'événement. Seul le chef d'Etat-Major peut faire des déclarations
s19"Fôlha
da Manhñ" de Sao Paulo, 1958-02-22. Poussé de donner son opinion sur les photos, il indique Je vous
avoue sincèrement que je n'ai pas encore vu les photos. Je ne peut rien dire de plus
s20"Fôlha
da Manhñ" de Sao Paulo, 1958-02-22.
Le , le Ministre de la Marine, l'amiral Alves Camera, déclare à l'UP qu'il ne
croyait pas aux soucoupes volantes auparavant, mais qu'après la preuve
photographique de Barauna il a été convaincu.
Le , l'attaché naval des US reçoit les photos qu'il a demandé.
Le même jour, l'agence UP de Rio achète le récit et les photos, s'assure que le ministère de la Marine brésilien atteste bien de leur authenticité, et les diffuse internationalement s21Clancarty 1966, pp. 46-47.
le , Sérgio Magalhães, un député du Parlement Fédéral Brésilien, demande des informations à la Chambre. En toute réponse est montrée la couverture d'un rapport secret de la Marine sur l'ïle de Trindade, indiquant que le contenu ne peut être révélé s22Aurélio Zaluar, UFO OVNI Documento, article de octobre/décembre 1979.
Magalhães écrira une lettre de plainte au Ministère de la Marine pour leur incapacité à produire les déclarations des témoins :
Pour la première fois dans l'histoire des soucoupes volantes, le phénomène est vu par un grand nombre de personnes appartenant à une force militaire, ce qui donne à ces photographies un cachet officiel. Des menaces pour la sécurité nationale demandent une plus grandes action et attention officielles.
En fait ce n'est que le que Antonio Maria de Carvalho, Amiral de la Flotte et chef du Haut Commandement de la Marine brésilienne, communique au Ministre de la Marine le rapport sur les observations rédigé par le Département du Renseignement.
Baraúna est interviewé par le journaliste João Martins et ses déclarations sont publiées dans le magazine brésilien 0 Cruzeiro le .
le , l'officier naval qui rend compte de l'affaire dans un rapport qui n'épargne pas le gouvernement brésilien ni ses militaires.
En 1960, les infos de Fontes paraissent dans le bulletin de l'APRO.
Howard Menzel défend la thèse d'un canulars23 Menzel & Boyd 1963, mettant en avant le fait qu'en 1953, Baraúna avait déjà réalisé un faux. En fait ce faux était déclaré dans l'article de Baraúna, visant à contester l'authenticité des photographies de Barra da Tijuca en montrant comment on pouvait réaliser des photos équivalentes s24Story, Ronald D. Encyclopedia of UFOs, Doubleday, 1980, p. 41. Menzel mais aussi d'autres s25Michel Bougard, article dans STENDEK n° 26, décembre 1976, p. 14, ne se priveront pas de ce fait pour discréditer Baraúna, en ignorant apparemment les témoignages visuels de 48 personnes.
Menzel insistera aussi sur le fait que Baraúna et certains des témoins faisait partie de la même équipe d'exploration sous-marine, suggérant une complicité possible. Cette thèse ignorant le fait que de nombreux témoins ne faisaient de cette équipe repose sur un récit différent des événements - provenant d'amis astronomes de Menzel à Rio de Janeiro n'ayant pas personnellement enquêté sur l'affaire - selon lequel seul Baraúna et 2 ou 3 personnes auraient témoigné de l'observation.
en arrive au Q.-G. de l'APRO une grosse enveloppe, envoyée par un ancien officier de la Marine Brésilienne, ne vivant alors plus au Brésil. Elle contient les 4 photographies de Baraúna, ainsi que la correspondance échangée entre divers officiers de la Marine brésilienne au sujet de l'incident. Dans une lettre, l'officier demande à Lorenzen d'utiliser de toute manière possible le rapport, les photographies et tout le matériel pour éclaircir toute la confusion et les erreurs d'interprétation existant sur ces photographies. Il dit avoir lu leur livre et les complimente, y compris sur leur traitement de ce cas. Il leur demande enfin de protéger tant que possible son anonymat, ce que les Lorenzen vont faire. Une dernière requête est qu'une copie soit faite et envoyée au NICAP. Lorenzen vérifie le contenu du rapport avec les fichiers de l'APRO, et conclut à son authenticité. Elle contacte également Richard Hall du NICAP pour s'assurer qu'il a bien reçu les photos. Celles-ci sont reçues en décembre, envoyées d'un pays encore différent de celui de l'envoi à l'APRO. Pour diffuser au maximum ces informations, Lorenzen écrit un long article relatant l'histoire dans son ensemble s26Lorenzen, C. E.: Flying saucers : the startling evidence of the invasion from outer space, Signet Books, The New American Library, 1962, 1966, et l'envoie au magazine Fate, qui en publiera une version tronquée pour ses 100000 lecteurs en .
Le dossier de Blue Book sur cette affaire contient autre chose : une dépèche du bureau de l'UP à Rio de Janeiro, datée du le , selon laquelle le Ministère brésilien de la Marine confirme la réalité de l'observation d'ovni des photos.
Les photos sont classées comme "supercheries" par Blue Book, ce qui fait réagir Coral Lorenzen et Richard H. Hall qui écrivent des lettres demandant sur quelle base ce jugement a été fait. Lorenzen reçoit une réponse qu'un officier sénior de l'ONI du le déclarant que la Marine US n'a fait aucune évaluation d'informations sur les ovnis provenant du Brésil.
en , un magazine argentin publie le rapport (identique à celui reçu par l'APRO), sous la plume de Jorge O. Pineda, expliquant :
L'observation d'un Objet Volant Non Identifié depuis l'"Admiral Saldanha", navire-école de l'armée brésilienne, le le , constitue un cas unique quand à la documentation officielle qui pourrait porter l'intitulé "Confidentiel" ou "Top Secret". Sa diffusion est le fait d'un ancien officier de la Marine militaire du Brésil, dont le nom ne peut être révélé, pour des raisons évidentes. Quelle que soit la manière dont il a été obtenu, il n'admet pas la violation du secret.
en le GSW et des spécialistes examinent les photos de
Baraúna à l'aide moyens informatiques. Ils concluent que les photographies ne montrent pas d'avion ni de ballon
expérimental
, et déterminent que l'objet photographié fait plus de 15 m de diamètre, à une distance considérable du photographe et, d'après la densitométrie numérique, émet une
réflexion métallique.
le , à l'occasion du Second Congrès International d'Ufologie, Leo Sprinkle, Virgilio Sanchez-Ocejo, Cynthia Hind, et Irene Granchi participent à un dîner organisé où ils ont l'occasion d'interviewer Baraúna :
Qu'elle a été la réaction du public ?
L'opinion était partagée ; 3 journaux m'ont attaqué, 6 m'ont soutenu. Mes ennemis ont profité de la situation ! Mais ça n'est pas sorti des journaux avant 30 jours.
Que s'est-il passé pendant ces 30 jours ?
La Marine faisait des tests sur les photographies. Je suis allé 3 fois aux services secrets de la Marine. La Marine a aussi envoyé les images à Kodak pour effectuer des tests chimiques.
Avez-vous les rapports des labos ?
La Marine les a gardés classés.
Quelqu'un a-t-il apporté une preuve apparemment solide contre vous ?
Il y a juste eut des accusations sans preuves.
Y'a-t-il eut une tentative quelconque de la Marine ou du gouvernement pour étouffer tout cela ?
Ils n'ont pas essayé de le dissimuler. Ils ne sont pas devenus "Watergatey" [un mot nouveau en Portugais]. J'ai eu un soutien total de la Marine.
La Marine a-t-elle pensé à un vaisseau spatial ou à un appareil fait de la main de l'homme ?
Il n'y a pas eu de tentative d'interprétation de ce que c'était... Ils en ont juste donné une description physique dans le rapport.
Sprinkle:Après toutes ces années, comment vous sentez-vous par rapport à votre événement historique ?
Je me sens serein comme je l'ai toujours été. J'ai toujours été totalement confiant par rapport à l'observation..
Quand vous racontez cette histoire à vos petits-enfants le temps passant, qu'est-ce qui ressortira le plus clairement de votre esprit ?
La manière dont la Marine et l'équipage m'ont soutenu.
Comment était le temps ?
Il y avait des cirrus dans le ciel.
L'objet est-il jamais passé devant quelque chose ?
Il est passé devant des nuages mais pas devant la montagne parce qu'il était plus haut que la montagne. Mais à un moment il est passé derrière la montagne est revenu.
A quelle hauteur était-il au-dessus de l'eau ?
91 m ou 122 m au-dessus du niveau de la mer.
Baraúna se souvient avoir utilisé une exposition 1/200 sec. à f/6, contrairement à sa première déclaration de 1/125 s à f/8. Il se souvient également que la Marine avait calculé que l'objet était à 14 km de distance au plus proche et que l'objet avait une taille apparente semblable à celle de la Lune (0,5 °). Cette distance semble surprenante, puisqu'un simple calcul montre qu'à une telle distance l'objet semblerait parcourir 48 ° dans le ciel en et aurait une taille effective de 107 m.
A l'Eté en , dans un article s27Powell, Martin J. "The Trindade Island UFO: A detailed study of Photos 1 and 2", Unopened Files, n° 11, été 1999, Martin J. Powell, en examinant les photos, envisage l'hypothèse d'une photo d'avion. Plus que l'hypothèse d'une méprise (l'île est trop éloignée - près de 1000 km - de la terre la plus proche pour permettre un aller-retour d'un tel avion sans ravitaillement en carburant), c'est plus la possibilité de la base d'un trucage photo que soulève Powell.
Selon sa thèse, Baraúna aurait fait des photos truquées, à partir de photos d'avions détournées. La photo n° 1 montrerait une mauvaise photographie d'avion (un Beechcraft modèle D50A Twin Bonanza, modèle 95 Travel Air, Super 18, un Piper PA-23 Apache ou un Cessna Model 310), et la photo n° 2 une version retournée de la première.
On peut se demander pourquoi Baraúna, s'il avait voulu faire croire à une soucoupe, ne se serait pas basé sur une photographie de maquette de soucoupe. Une réponse possible est qu'il ait souhaité s'assurer de fournir un cliché techniquement incontestable.
Cependant, même en excluant les difficultés de ce scénario (les autres témoins occulaires, le besoin pour Baraúna de cadrer dans un climat de panique de fausses photos préparées sur un paysage photographié en direct), cette thèse souffre d'au moins 2 handicaps.
Comme l'indique le titre de son article, Powell ne propose que d'expliquer les photos 1 et 2. Les autres ne sont pas prises en charge par son explication, notamment la photo n° 3, qui est loin d'être équivoque, montrant une soucoupe quasi-caricaturale. Difficile de l'imaginer issue d'une photo d'avion. Il aurait donc fallu que Baraúna se base sur une image d'avion pour certains clichés, mais sur une image de soucoupe pour d'autres. Difficile de justifier une telle complexification.
Eh bien, tout le monde en mer ne fait généralement rien, se repose, allongé sur le sol du pont... à l'époque il n'y avait pas d'air conditionné [rires]. Et alors ils ont commencé à dire qu'ils voyaient [quelque chose], comme je l'ai dit à [votre ami chercheur] Rodrigo [Visoni]. Tout le monde le voyait. Mais ma vision était 20/20. Je pouvait voir n'importe quoi. Et je n'ai rien vu. "C'est là" [disaient-il]. "Mais où ?" [demandais-je]. Je pas vu la moindre chose. Je n'ai rien vu. Personne n'a pu voir quelque chose si je ne l'ai pas vu. Vous voyez, pour moi ce sont des conneries.Sur la nature militaire ou civile des témoins :
Non, non, il n'y avait que des marins. Et des civils qui étaient là, vous savez, pour rentrer chez eux, des photographes. Et c'est tout. Je ne l'ai jamais vu.Sur le nombre d'une cinquantaine (48) de témoins :
Non, non, quoi, cinquante ! Non, ils y avait 13, 15, personnes qui se baladaient [sur le pont], vous savez ?et à fortiori sur l'affirmation selon laquelle 150 personnes auraient vu l'ovni :
Mensonge. C'est un mensonge. [rires] Je dis que c'est un mensonge. Voilà. C'est ma parole contre la sienne.Son sentiment :
C'est pourquoi je vous dis : je ne sais pas ce qui a fait que tout le monde voyais -- ou mieux encore, [pas tout le monde], parce que je faisais partie de tout le monde [qui était présent], et je n'ai rien vu. Les gars ont attiré l'attention sur quelque chose, bla, bla, bla... Je pense qu'ils ont tous été induits. (...) Ils ont été induits à voir quelque chose. Mais pas moi.s28Martinho, Jeferson: "Caso Ilha de Trindade: de prova incontestável a fraude disputada", Vigila, 19 avril 2011
personne n'a rien vu, parce que rien n'est arrivé. Ce qui s'est passé était une hystérie collective.Pour lui,
Bacellar n'a pas pu voir quoi que ce soit, car le canular était très grossier. Il ajoute que le lieutenant Homero, qui lui aussi a affirmé avoir vu quelque chose, était un alcoolique, avait pour habitude de fumer de la marijuana à bord du navire, et que les appareils photos furent confisqués par la suite - mais pas celui de Baraúna - et qu'il y avait 30 ou 40 personnes sur le pont à ce moment (mais que seulement 8 ou 9 rejoinrent Baraúna dans ce qu'il décrit comme un canular planifié et monté de toutes pièces) s30Borges, Alexandre de Carvalho: "Caso Ilha da Trindade: Militar que estava no navio Almirante Saldanha afirma que ninguém avistou nada", Spiritronic, avril 2011.
Le , Emília Bittencourt, nièce de Baraúna, déclare avoir entendu ce dernier
avouer en privé le canular : Il a pris 2 cuillères à soupe, les a joint, et a fait une navette spatiale et
utilisé comme toile de fond le réfrigérateur de la maison. Il a photographié devant la porte du réfrigérateur un
objet avec un éclairage parfait, car il a tout calculé et n'était pas un imbécile. Il a beaucoup ri
s32"Família
de fotógrafo revela verdade sobre fotos de óvnis em Trindade", 15 août 2010.
Explication | Argument | Contre-argument |
---|---|---|
Trucage photo | Le nombre réel des témoins n'est pas confirmé. | Baraúna aurait aussi dû convaincre entre 3 et 100 autres personnes qu'un ovni est réellement passé devant eux. |
Double exposition | Une double exposition ajoute de la lumière à une photo, mais ne peut en retirer. Or l'objet est plus sombre que le fond. | |
Baraúna avait déjà effectué des trucages photo (lors de l'affaire de Barra da Tijuca). | Ces trucages avaient été faits justement pour dénoncer des faux et présentés dans un reportage comme une démonstration de la possibilité de tels trucages, ce qui dénote au contraire le scepticisme a priori de Baraúna. | |
Les nuages ne correspondent pas entre les photos 2 et 3 s33Maillot. |
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Les seuls témoignages (écrits) ne proviennent que de 3 témoins alors que des dizaines auraient vu le phénomène |
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Références :