Swith, W. B. (ingénieur-en-charge, projet Magnet): 18 août 1953 [RG 24, acc. 83-84/167, box 7523, file DRBS 3800-10-1, pt. 1] (declassified by Directorate of Operations, 3 July, 1968)
Au cours des 5 dernières années s'est accumulé dans les archives de l'Armée de l'Air américaine, l'Armée de l'air royale canadienne, du Département du Transport, et de diverses autres agences, un nombre impressionnant de rapports d'observations d'objets volants non-identifiés populairement connus sous le nom de "soucoupes volantes". Ces dossiers contiennent des signalements par des personnes crédibles de choses qu'ils ont vu dans le ciel, repérées au radar, ou photographiées. Ce sont des signalements faits de bonne foi par des gens normaux et honnêtes, et il y a peu de raison de douter de leur véracité. De nombreuses observations sont sans doute dues à des observations inhabituelles d'objets ou phénomènes courants, et sont relativements normales, mais il existe de nombreuses observations qui ne peuvent être expliquées si facilement.
Le projet Magnet fut autorisé en décembre 1950 par le commandant C. P. Edwards, alors Secrétaire d'Etat au Transport délégué aux Services Aériens, dans le but de faire une étude aussi détaillée que possible du phénomène soucoupe dans le cadre des etablissements existants. La Section des Emissions et Mesures de la Division des Télécommunications reçurent pour directive de mener à bien ce travail avec toute l'aide qui pourrait être fournie informellement par des sources externes comme le Comité de Recherche de la Défense et le Conseil National de Recherche.
Il est tout à fait naturel dans le mécanisme de pensée humain de tenter de faire correspondre des observations avec un schéma établi. Ce n'est que quand des observations n'obstinent à refuser d'y correspondre que nous commençons à être dérangés. Lorsque cela arrive nous pouvons prendre, et le faisons généralement, 1 de ces 3 chemins. Tout d'abord nous pouvons nier totalement la validité des observations, ou ensuite nous pouvons passer l'ensemble du sujet sous silence comme quelque chose n'ayant pas d'importance, ou enfin nous pouvons accepter les anomalies comme réelles et se mettre à travailler dessus. Concernant les observations de soucoupes, ces 3 réactions ont été frappantes. Les 2 premières approches sont à l'évidence négatives et ne permettront jamais d'atteindre aucune conclusion définie. C'est la 3ème approche, l'acceptation des données et une recherche qui s'ensuit, dont traite ce rapport.
Les données de base avec lesquelles nous devons travailler consistent largement en des observations signalées alors qu'elles sont observées à travers le Canada de manière totalement aléatoire. Nombre des rapports viennent de l'organisation au spectre étendu qu'est le Département du Transport dont le travail est d'observer le ciel et dont les observateurs sont précisément formés à ce type d'observation. De plus, ils opèrent sur un certain nombre d'arrangements instrumentaux tels que les observatoires ionosphériques dont les données utiles ont été obtenues. Cependant, nous ne devons pas trop attendre de ces stations sur le terrain de par la nature très sporadique des observations. L'analyse progressant et à mesure que nous en apprenons plus ce ce que nous devrions chercher nous pourrons obtenir plus et mieux exploiter ces données issues du terrain. Jusqu'à présent nous n'avons pas pu utiliser des méthodes de laboratoire conventionnelles en raison de l'absence complète de tout type de specimens sur lesquels expérimenter, et nos perspectives d'en obtenir dans un futur proche ne sont pas très grandes. En conséquence, une grande partie de l'analyse à ces premiers stades devra être basée sur le raisonnement déductif, du moins jusqu'à ce que nous soyons capable de dégager une procédure plus en ligne avec les méthodes expérimentales conventionnelles.
Le point de départ de l'investigation est essentiellement l'interview d'un observateur. Un questionnaire et un guide avec des instructions pour l'interrogateur furent élaborés par le comité du projet Second Storey, qui est un Comité soutenu par le Comité de Recherche de la Défense pour recueillir, cataloguer et corréler les données sur les observations d'objets volants non-identifiés. Ce questionnaire et ce guide sont inclus dans l'Annexe 1, et visent à obtenir le maximum d'informations utiles de l'observateur et à la présenter d'une mannière dont on puisse tirer parti. Ce formulaire a été utilisé jusqu'ici autant que possible sur les observations ayant fait l'objet d'enquête par le Département du Transport.
Un facteur de pondération est affecté à chaque observation selon un système visant à minimiser l'équation personnelle. Ce système de pondération est décris en Annexe 2. Le facteur de pondération pourrait être vu comme la probabilité que le signalement contiennent la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, autant que l'observateur et l'interrogateur puissent le dire. Cela n'a rien à voir avec la nature de l'objet déclaré avoir été vu. Dans un sens c'est analague à l'ordre de précision avec lequel une mesure peut être faite, et dans le cadre de cette analyse c'est précisément ainsi qu'il est utilisé.
Les observations peuvent être regroupées selon certaines caractéristiques saillantes, et le poids combiné de toutes les observations pertinentes concernant ces caractéristiques peut être déterminé en appliquant la formule de Peter, qui est une technique mathématique standard pour déterminer une erreur probable.
0,8453 | ||
ro = |
|
(v1 + v2 + v3 + ... + vn) |
n √ n - 1 |
où ro est l'erreur probable de la moyenne, "n" est le nombre d'observations et "v" est l'erreur probable de chaque observation, c'est-à-dire, l'unité moins le facteur de pondération. Cette méthode a l'avantage d'être simple et facile à utiliser, tout en permettant un certain nombre d'observations médiocres d'être combinées effectivement dans l'équivalent d'une bonne.
L'étape suivante est de trier les observations selon un schéma donné. Le schéma en question est moins important que le fait qu'il doive prendre en compte toutes les éventualités, aussi improbables puissent-elles paraître au premier abord. Autrement dit, il doit y avoir un compartiment quelque part dans le schéma des choses où chaque observation puisse être placée, sans doute possible, et sans que rien ne reste non rangé. De plus, il doit être possible d'arriver à chaque compartiment adéquat par une séquence de raisonnement logique prenant en compte tous les faits présentés. Si cela peut être réalisé, alors la probabilité d'une existence réelle du contenu de chaque compartiment sera facteur de pondération seul ou combiné relatif à cette seule observation ou ce groupe d'observations. Les graphiques montrés en Annexe 3 ont servi à trier les diverses observations et fournir le schéma qui fut utilisé dans l'analyse des observations rapportées auprès de et analysées par le Département du Transport.
La plupart des observations correspondent aisément à une des classifications montrées, qui sont de 2 grands types ; celles sur lesquelles nous savons quelque chose et celles sur lesquelles sont savons très peu de choses. Lorsque les observations peuvent être classées comme quelque chose que nous connaissons, nul besoin de trop nous préoccuper d'elles, mais lorsqu'elles correspondent aux classifications que nous ne comprenons pas nous en revenons à notre position d'origine de savoir s'il faut nier les éléments présentés, les écarter comme n'ayant pas de conséquence, ou les accepter et commencer à travailler dessus. Le processus de tri des observations selon ces graphiques et de les faire correspondre à des compartiments peut difficilement être considéré comme une fin en soi. Il s'agit plutôt d'un moyen pratique pour clarifier la pensée et orienter l'activité vers des canaux utiles. Cela montre d'un coup d'œil quels aspects sont intéressants et quels autres peuvent être survolés. Le seul fait de placer une observation dans une catégorie donnée ne l'explique pas pour autant ; cela ne fait qu'indiquer où commencer à chercher une explication.
Nature de l'observation | Nombre | Poids |
---|---|---|
Probablement météore | 4 | 91% |
Probablement appareil | 1 | 69% |
Probablement ballons | 1 | 74% |
Probablement feu de position | 1 | 64% |
Tache lumineuse de nuit, pas étoile ni planète | 3 | 75% |
Tache lumineuse de jour, pas étoile ni planète | 1 | 68% |
Anneaux lumineux | 1 | 68% |
Cône luisant | 1 | 53% |
Corps circulaire ou elliptique, jour ensoleillé | 5 | 88% |
Corps circulaire ou elliptique, nuit | 5 | 90% |
Lumières non-identifiées de types divers | 2 | 77% |
Nombre total d'observations véritables | 25 | 96% |
L'annexe 4 contient des résumés des observations de 1952 lorsqu'elles firent l'objet d'enquêtes par le Département du Transport. Bien plus de données existe dans les dossiers d'autres agences, et d'autres sont recueillies au fur et à mesure de l'avancée des enquêtes. Bien que le but soit de ne pas faire de référence à une analyse des données d'autres agences, on peut dire que les observations du Département du Transport sont assez représentatives des observations rapportées dans le monde entier. Ci-contre est un tableau décomposant les 25 observations correctes signalées en 1952.