Nous voyons des ovnis, et nous ne les voyons pas. Des gens les signalent, et ils disparaissent ; pour la majorité d'entre nous, nous ne les observons pas nous-mêmes. Être témoin de ces phénomènes mystérieux relèverait-il d'une expérience intime, non partageable ? Quid alors des observations à témoins multiples ? Certaines personnes seraient-elles plus aptes à voir des ovnis que d'autres, voire "élues" à cet égard comme s'efforcent de nous le faire croire les contactés ? Ou les ovnis ne seraient-ils visibles que dans certaines conditions, sur certaines longueurs d'ondes, un court moment, comme lorsque l'on tourne le bouton d'une radio sur la bonne fréquence ? Apparaissent-ils seulement quand bon leur semble ?
Une chose est sûre, tous les témoignages ne semblent pas cohérents entre eux. Tantôt un ovni est visible à l'œil nu, mais pas au radar, tantôt l'inverse, tantôt les 2. Alors que nos propres avions Le F-117 ou le B-2 par exemple, déjà obsolètes développent une furtivité, cette quasi-"invisibilité radar" Et infrarouge permettant de franchir les lignes ennemies en toute discrétion serait inaccessible à des engins issus d'une technologie extraterrestre capable de franchir des distances intersidérales. Plus encore, ils en seraient incapables, mais de temps en temps seulement. Ici encore, l'hypothèse extraterrestre ne semble pas tenir si on la prend au 1er degré. À moins, bien sûr, que l'on s'autorise à interpréter et accepter des intentions incompréhensibles à ces supposés visiteurs.
Cette invisibilité radar, objet de recherches depuis longtemps – probablement depuis l'invention du radar lui-même – est le cadre d'une des plus fameuses histoires hantant les limbes de l'ufologie conspirationniste : l'expérience de Philadelphie.
Il arrive aussi que l'on observe la dématérialisation d'ovnis, à la fin d'une observation.
Mais ces ovnis dont on a décidément du mal à mettre la main dessus ou sur leurs occupants, sont-ils vraiment là ? C'est le paradoxe de Fermi. Si des extraterrestres existent, depuis le temps que l'univers existe, on aurait déjà dû les voir. Où sont-ils donc ? Diverses réponses ont été proposées (auto-destruction des civilisations, anéantissement par des sursauts de rayons gamma à la mort d'étoiles environnantes, impossibilité de voyage sur de trop grandes distances), dont certaines prétendant expliquer, au contraire, qu'ils sont bels et bien là.
Parmi ces dernières, l'explication des ovnis bien sûr (les civilisations extraterrestres sont bien là, et ce sont justement les ovnis), et ses handicaps (manque de preuves, incohérence apparente).
Il existe également une réponse plus subtile au paradoxe de Fermi : les extraterrestres sont bien là, mais ils passent inaperçus. Au-delà de la simple hypothèse d'un camouflage physique Les Ummites par exemple déclarent nous ressembler à quelques détails mineurs près il s'agit d'une existence objective, mais non subjectivement appréhendable comme telle. Basée sur des hypothèses censées On ne voit correctement que ce que l'on comprend bien, et l'écart entre civilisations provoque une incompréhension considérable, comme l'a montré la conquête des Amériques, l'idée n'en fait pas moins appel aux ressorts de la foi : comment choisir entre 2 hypothèses expliquant le même résultat ? Si nous ne voyons d'extraterrestres, ce peut être parce qu'ils passent inaperçus, mais aussi tout simplement parce qu'ils ne sont pas là. Ici Ockham nous recommande de préférer l'explication la plus simple. Ainsi demeurerait le mystère de l'absence de ces extraterrestres que nous prédit la science, et les thèses "furtives" seraient-elles avant tout motivées par le besoin de fournir une explication au paradoxe.
La science-fiction, elle, ne s'est cependant pas embarrassée
de telles considérations pour saisir ce thème des visiteurs caméléons, dont la discrétion a aussi l'avantage non
négligeable de nécessiter peu d'effets spéciaux tout en laissant libre court à l'imagination du public. L'un des
exemples les plus fameux est celui de la fameuse série Les envahisseurs, où David Vincent lutte seul pour
faire connaître au monde la présence de ces êtres venus d'ailleurs, trahis par leur petit doigt rigide ; mais on en
trouve des exemples avant même l'ère moderne des soucoupes volantes, comme dans Le monstre écarlate The Purple Monster Strikes, 1945 où un martien prend l'apparence de certains
humains pour en manipuler d'autres. On se souvient aussi des hommes-lézards de V ou de Cocoon
vêtus de leur costume d'être humain pour être mieux accepté par la population, ou encore des Body
Snatchers et autres extraterrestres de la Faculty, ou surveillés par les MIB, parasitant le corps des humains, à l'image du séminal
Alien de Ridley Scott. Une autre version, aux relans sombrement
conspirationnistes, est celle de l'intrusion masquée et progressive, comme dans They Live, où seules des
lunettes spéciales permettent de distinguer le humains des envahisseurs et de les voir tels qu'ils sont, horribles
bien sûr. D'autres enfin font fi de toutes différences et présentent simplement l'extraterrestre sous forme humaine,
sans sentiment de devoir y fournir une quelconque explication, comme dans K-Pax Inspiré d'un témoignage
d'enlèvement à bord d'un ovni, transporté par un rayon de lumière. Les versions ouvertement non
humaines, elles, sont finalement plus souvent suggérées qu'affichées. Tapis dans l'ombre, la créature
d'Alien fait appel à nos pires cauchemars, et les envahisseurs de Signs, ne sont distingués qu'à
travers l'embrasure d'une porte ou en contre-jour. L'imagination du spectateur, décidément, est bien meilleur marché
que le plus sophistiqué des mannequins de latex et plus terrifiante que n'importe quelle image de synthèse. Mais le
non-humain ne se limite pas à ce qui nous paraît extraterrestre : Le chat venu de l'espace de Disney ou les
dauphins du Guide du Routard Galactique Adams, Douglas. The Hitchhiker's Guide to the Galaxy
sont, eux aussi, extraterrestres. Ces derniers, que l'on avait toujours cru appartenir au règne animal de notre
planète, quittent la Terre au début du récit, avertis
de sa destruction imminente. Nous avions toujours considéré être plus intelligents qu'eux en raison des
nombreuses choses que nous avions réalisées (la roue, New York, etc.) alors que ceux-ci s'étaient contentés de
prendre du bon temps dans l'eau. Eux avaient pensé la même chose, pour les mêmes raisons
. laissant pour seul
message Au revoir, et merci pour le poisson
. Dans sa veine humoristique savoureuse, ce dernier ouvrage
contient aussi sa propre explication de l'invisibilité des ovnis comme un effet d'un champ énergétique de type C'est
pas mon problème
(SEP ou Someone's Else Problem), expliquant pourquoi lorsqu'un ovni atterrit au beau
milieu d'un match de cricket, personne ne le remarque. Le guide ajoute qu'un champ SEP ne demande que très peu
d'énergie, moins qu'une pile de lampe torche, en raison de la propension naturelle des humains à voir les choses
comme n'étant pas leur problème, mais celui des autres. Cette idée est à rapprocher de celle de Terry Pratchett
Souvent comparé à Douglas Adams selon laquelle les gens ne voient pas ce dont ils refusent
l'existence (comme la mort par exemple). Parfois aussi, les extraterrestres ne sont pas visibles par qu'ils sont
simplement absents, ne nous laissant que leur technologie (Sphere, Contact, Red Planet).
Parfois enfin, nous les voyons pas parce que nous le les ils nous transcendent 2001 l'Odyssée de
l'Espace, Solaris