Dans la série cours du GERP, ce cours fait suite à ceux de François Favre sur les apparitions et de Claude Maugé sur les ovnis. Son but est de présenter un parallèle entre la parapsychologie et l'ufologie. Seront abordées leurs différences, puis leurs convergences, selon une approche historique, puis au niveau des Phénomènes. Enfin 2 cas précis seront présentés, qui montreront que la subtilité des arguments apportés par les ufologues et les spirites pour défendre leurs croyances ne cèdent en rien à celle des arguments apportés par les parapsychologues pour défendre les leurs.
Tandis que la parapsychologie est une vieille discipline, l'ufologie est une discipline récente.
Le mot "parapsychologie" a été introduit en par l'Allemand Max Dessoir, et repris en par Joseph B. Rhine, auquel il doit son extension actuelle.
Le mot "ufologie" date, quant à lui, des années 1960s. Il provient de l'anglais UFO, abréviation de Unindentified Flying Object, c'est-à-dire Objet Volant Non Identifié.
L'étude des Phénomènes parapsychologiques remonte à la fin du XIXème siècle. Depuis cette époque, des groupes entiers de Phénomènes, comme ceux liés aux grands médiums à effets physiques, ont eu le temps d'apparaêtre puis de disparaêtre. La théorie a eu le temps de se développer au point d'atteindre une phase de saturation dont sont témoins les Congrès Internationaux des années 1920s.
L'étude des ovnis remonte par contre à en . Ainsi, alors que plusieurs générations de chercheurs ont étudié les Phénomènes parapsychologiques, une bonne partie des ufologues actuels ont été les témoins des débuts mêmes de leur discipline.
Longtemps, parapsychologie et ufologie n'ont pas retenu les mêmes hypothèses ni utilisé les mêmes disciplines scientifiques.
L'hypothèse préférée des ufologues a longtemps été l'hypothèse extra-terrestre (abréviation : HET) : les ovnis sont pilotés (HET au 1er degré) ou envoyés (HET au 2nd degré) par des extra-terrestres. Les disciplines sollicitées ont par conséquent été l'astronomie, et l'étude spéculative de la vie extra-terrestre (ou exobiologie).
L'hypothèse préférée des parapsychologues est toujours d'attribuer des "pouvoirs" à des êtres humains ou à des groupes d'êtres humains, que ces pouvoirs soient ou non réductibles à des processus physiques inconnus. Des expériences statistiques ont été utilisées, selon une méthodologie inspirée des sciences de la vie et de la psychologie.
Les Phénomènes qui ont lieu au cours de rencontres rapprochées avec un ovni sont souvent beaucoup plus étranges, "magiques", que leurs analogues décrits dans la littérature de fiction. Au contraire, les Phénomènes psi sont moins spectaculaires, plus proches de la vie quotidienne, que les descriptions de fiction que l'on trouve dans les films cinématographiques ou les romans, où l'on voit des "sujets psi" détruire des villes entières.
Les sondages révèlent que les Phénomènes ovni sont, à caractère spectaculaire égal, beaucoup plus nombreux que les apparitions du ressort de la parapsychologie.
C'est notamment l'ufologue Bertrand Méheust, dans son livre Science-fiction et soucoupes volantes (Mercure de France, 1978), qui a rendu populaire en France l'idée que les ovnis se montrent comme dans un spectacle. Un bel exemple de ce caractère ostentatoire est donné par l'analyse qu'a fait Eric Zurcher de l'arrêt des moteurs lors d'apparitions rapprochées d'ovnis (Les apparitions d'humanoïdes, Alain Lefeuvre, 1979, pp. 110-113). En effet, les moteurs ne s'arrêtent que si cet arrêt précède l'observation de l'0VNI. Tout se passe comme si l'arrêt des moteurs n'était qu'un Phénomène secondaire destiné à éveiller l'attention du témoin pour provoquer la vision de la soucoupe. Il existe un cas où c'est une bicyclette qui est arrêtée, le cycliste pouvant pédaler, mais sans pouvoir avancer.
En parapsychologie, Guy Béney considère comme une caractéristique du psi son aspect interpellatif, sa tendance à déstabiliser le témoin, c'est-à-dire à remettre en cause ses croyances.
Le caractère élusif des ovnis, c'est-à-dire la propriété de s'esquiver, de fuir la curiosité, peut être illustré par les nombreux cas où des témoins ne pensent pas à se servir de l'appareil photographique qui est à leur portée.
Le caractère élusif peut être plus subtil. Dans le célèbre cas de hantise de Rosenheim, étudié par Hans Bender, des fils de nylon avaient été tendus au travers des pièces pour retenir dans leurs chutes les tubes de néon qui quittaient leurs supports. Ces fils, visibles sur les photographies des lieux, ont été considérés par certains détracteurs comme des preuves flagrantes du caractère truqué des manifestations de Rosenheim.
Ainsi le caractère élusif des Phénomènes paranormaux ne consiste pas seulement à être dans l'impossibilité de saisir fermement un Phénomène pour l'amener devant un sceptique, mais consiste aussi à ne pas pouvoir éviter que, même dans les plus beaux cas, se glissent des points litigieux qui pourront plus tard être exploités par les sceptiques. Une remarquable illustration de ceci peut être trouvée dans la facilité apparente avec laquelle des ufologues sceptiques démolissent actuellement des témoignages d'apparitions d'ovnis considérés jusqu'ici comme inébranlables.
L'hypothèse extra-terrestre d'une part, et d'autre part les hypothèses souvent avancées par les parapsychologues, qu'on peut désigner du terme générique d'"inconscient collectif", et selon lesquelles certains Phénomènes seraient provoqués de façon "psychique" par l'humanité, présentent des traits communs. Ce sont dans les deux cas des hypothèses assez floues, dépourvues de point d'attaque, réduisant un Phénomène dont on sait peu de choses à un autre dont on sait encore moins. On peut dire, par opposition aux hypothèses de travail que l'on prend comme point de départ d'une réflexion, que ce sont des hypothèses de paresse, à partir desquelles il est difficile d'aller plus loin.
Les Phénomènes ovni ou psi provoquent très rarement la mort. L'ufologie ne connaît que deux cas sud-américains douteux : un homme atteint de leucémie après avoir été touché par un rayon provenant de l'ovni sur lequel il venait de tirer un coup de fusil, et un homme dont le corps se décompose brutalement. Les poltergeists blessent parfois des témoins, rarement de façon grave, mais ne tuent jamais, à moins que l'on adjoigne à ces cas certaines combustions spontanées. La sexualité aussi est très rare dans les Phénomènes paranormaux. Cette rareté rend plus ou moins difficiles à soutenir les hypothèses faisant plus ou moins directement appel aux propriétés de l'inconscient".
Sans être universelle, la peur se rencontre très fréquemment chez les témoins.
Les précèdents cours de cette série ont dû familiariser les participants avec les arguments avancés par les parapsychologues pour s'approprier divers secteurs du paranormal. Les deux cas précèdents n'ont d'autre prétention que de montrer que certains arguments avancés par des chercheurs provenant d'autres disciplines d'étude du paranormal, arguments fondés ici sur la distribution dans l'espace des étoiles proches pour ufologie, et sur un double sens en égyptien ancien pour le spiritisme, ne sont pas moins complexes ni moins subtils que ceux avancés par les parapsychologues.
Il ne faut donc pas sous-estimer ces autres disciplines. En particulier l'ufologie, discipline jeune et portée par une hypothèse qui a un puissant impact populaire, mérite d'être étudiée sur un pied d'égalité avec la parapsychologie.