Il est de la responsabilité de la Force Aérienne des Etats-Unis d'être au
courant de tout ce qui arrive ou peut survenir dans les cieux. Le Corps des
Observateurs au Sol partage cette responsabilité, puisqu'elle est les yeux et les oreilles de la Force
Aérienne
.
Par conséquent, tout membre du GOC, qu'il en soit conscient ou non, a un intérêt résolu pour le "project Livre Bleu" de la Force Aérienne, le signalement et l'analyse des objets volants non-identifiés.
L'organisation directement chargée de ce projet est le Centre de Renseignement Technique de l'Air (ATIC) à la Base Aérienne de Wright-Patterson, dans l'Ohio. Depuis janvier 1952, l'ATIC a recueilli et analysé des informations provenant de toute source possible concernant l'observation ou la détection de ces objets non-identifiés. Plus de 1000 de ces rapports ont été reçus à ce jour.
Le travail de l'ATIC est de tenter de répondre à la question
déroutante : Que sont donc ces objets qui sont signalés ?
L'analyse exhaustive des faits que fait l'ATIC en s'attaquant au problème ferait hommage au FBI ou à Scotland Yard. À travers ce processus laborieux, plus de la moitié des signalements se sont révélés avoir été causés, possiblement ou probablement, par des objets ou phénomènes identifiables. Le reste est soit inexplicable, inconnu ou sans information suffisante pour être correctement évalué.
La décomposition en pourcentage de l'ensemble des rapports est jusqu'à présent comme suit :
Les sources de ces signalements ont été categorisées dans les groupes suivants :
Depuis le démarrage de l'"Operation Skywatch" en juillet 1952, une autre catégorie spéciale, "Observateurs du GOC", a été ajoutée.
Pour assurer une uniformité dans les rapports d'objets non-identifiés, le Commandement
de la Défense Aérienne a distribué le Réglement ADC 55-31, intitulé
Signalement d'Activité Aérienne Inhabituelle par Observateur au Sol
, à l'ensemble des Détachements
d'Observateurs au Sol.
Ces instructions sont le résultat de beaucoup d'expérience passée de la part de l'ATIC dans le traitement de ces rapports. Il existe une raison significative pour chaque bout morceau d'information demandée. L'adhésion au système a été un facteur majeur pour assurer un excellent standard de signalement.
À la réception d'un rapport de signalement, l'ATIC entame un examen préliminaire dans le but d'essayer d'expliquer l'observation à la lumière d'un phénomène connu. La 1ʳᵉ étape est d'entrer les faits essentiels dans un fichier de cartes principal.
Le rapport est alors examiné face à toutes les données connues qui auraient pu l'avoir causé. L'ATIC maintient un fichier complet des lieux et heures de lancement de ballons-sonde, par exemple, qui fournit souvent un indice important quant à la nature de l'observation.
D'autres comparaisons sont faites entre le signalement et les données astronomiques connues (météores, météorites, etc.) ainsi que les données connues sur les appareils dans la région. Les conditions météo et de vent en altitude présentes à l'heure et l'endroit de l'observation sont également examinées, tout comme les trajectoires de vol de ballons de type "Skyhook" (voir illustration), oiseaux migratoires et tout ce qui peut s'être trouvé dans les airs à ce moment.
Dans la majorité des cas, la réponse à ce qui a provoqué l'observation réside dans les données compilées.
Dans l'analyse d'un rapport, les 2 facteurs les plus importants sont l'heure et le lieu de l'observation. Ils doivent être exacts et spécifiques comme l'heure locale, les positions georef, altitudes, directions, etc., car elles représentent souvent la seule information indéniablement factuelle.
Cela ne veut pas dire que les impressions visuelles, descriptives, précises de l'observateur ne sont pas importantes. Cependant, le fait est que les conditions atmosphériques et autres trompent souvent l'œil humain, comme elles trompent souvent les appareillages électroniques et mécaniques.
Prenons un cas hypothétique. en , à la position Georef 150? un observateur du GOC signale un objet volant non-identifié à son centre de filtrage à travers un message Aircraft Flash. Presque simultanément, une unité radar de la région obtient une cible et dirige un appareil d'interception vers elle.
La cible est clairement visible pour le pilote, mais il est incapable de monter à l'altitude de la cible. Cependant, il fait tourner sa caméra de tir dessus.
L'observation qui vient d'être décrite serait l'équivalent d'un jackpot sur une machine à sous, puisqu'il contient une détection visuelle au sol, électronique au sol et visuelle aérienne comme une couverture caméra.
Un officier de renseignement de la Force Aérienne interroge toutes les personnes qui observent un objet, prépare un rapport et le transmet à l'ATIC. Puis commence un long processus de recueil et analyse d'informations contextuelles.
Le 1er facteur à établir est si ou non tous les yeux et antennes étaient fixés sur le même objet. Dans ce cas, les facteurs d'heure et de position établissent ce fait avec certitude.
Une vérification des données météorologiques ne révèle rien d'inhabituel, à l'exception du fait que le mouvement de la cible (tel que calibré sur le dispositif du radar au sol et vérifié par l'observateur du GOC) correspond à celui des mouvements en altitude.
La possibilité que l'objet soit un appareil inconnu est exclue en raison du facteur d'altitude. De plus, une consultation avec des astronomes ne donne aucun indice quant à l'identité de la cible.
Ayant exclu ces possibilités, l'ATIC, par des canaux bien établis,
contacte les organisations lançant les ballons de type "Skyhook". La réponse arrive : À 09:01 MST, un grand ballon plastique de polyéthylène était au-dessus
de Provo, en Utah, à 70000 pieds
.
L'analyse des films révèle un objet semblable à un ballon.
Toutes les pièces du puzzle sont maintenant réunies. Mais si 1 ou 2 détails apparemment insignificants avaient été différent, l'analyse aurait très bien pu en être totalement changée.
En plus d'améliorer les techniques actuelles de signalement et les méthodes analytiques, l'ATIC examine des propositions d'un programme d'instrumentation intensif. Des plans appellent à une couverture photographique accrue des cieux, l'utilisation de nouveaux dispositifs améliorés de triangulation, des télescopes de type astronomique et autres appareillages mécaniques qui augmenteront la précision et la validité des rapports.
En dépit de ces nouveaux instruments, cependant, le gros des rapports viendra toujours d'individus. Les observateurs du GOC, dont le travail est de garder leurs yeux sur les cieux, continueront d'être une source particulièrement importante de ces observations individuelles.
L'expérience passée a montré que le GOC a approché la situation avec vigilance, diligence et une coopération volontaire. À travers la qualité croissante de leurs signalements, les observateurs au sol rendent un autre service précieux à leur pays.