le dans les premières heures de la nuit à Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) dans le quartier dit de la Justice Mauve, témoin n° 1 (presque 19 ans), témoin n° 2 (25 ans) et témoin n° 3 (25 ans), sont
en train de charger une Ford break avant de se rendre au marché de Gisors vendre des habits de confection
(jeans). Ils aperçoivent soudain dans le ciel une lumière qui les surprend : Il nous est apparu très
distinctement qu'un faisceau lumineux se dirigeait à vitesse pas trop rapide vers le sol
déclarera témoin n° 2. Après avoir émis diverses hypothèses sur le phénomène, témoin n° 1, seul dans la voiture au volant, dit Je vais voir, rejoignez-moi là-bas
à
témoin n° 2 et témoin n° 3 qui montent de leur côté dans leurs
appartements situés à proximité, boulevard de l'Oise, pour prendre un appareil photo (témoin n° 3) et un restant de matériel (témoin n° 2), tandis que témoin n° 1 se dirige en voiture vers la lumière et le point de chute présumé. Au volant et
l'arrêt, il voit apparaître sur sa droite une boule lumineuse grossissant de plus en plus, jusqu'à envelopper
complètement la voiture, lui provoquant de forts picotements dans les yeux. témoin n° 3 ne
trouvant pas de pellicule, il redescend avec témoin n° 2 rejoindre la voiture, dont ils ne
voient à 200 m que l'arrière et l'avant enveloppé dans un halo lumineux circulaire
[et laiteuse ; d'environ 4 m
de diamètre], accompagnée de 3 ou 4 sphères lumineuses.
Le phénomène se résorbe et disparaît dans le ciel. Ils
s'approchent alors de la voiture. La portière est ouverte, une vitesse enclenchée (sic). Le moteur est calé (sic) et
son conducteur a disparu. Ils appellent, hèlent, et scrutent, en vain, un horizon désert. Il est .
Affolé par les circonstances de cette disparition qu'il n'explique pas, témoin n° 3 appelle
commissariat de police de Pontoise : Notre ami a été enlevé par un truc mystérieux, ce doit être un ovni
. La
Police tardant à arriver (ne les ayant peut-être pas crus), témoin n° 2 appele la gendarmerie de Cergy. témoin n° 2 et témoin n° 3 sont interrogés, on procède à des recherches sur le terrain. À midi, les enquêteurs
n'ont trouvé aucune trace de témoin n° 1. Il n'y avait pas de brouillard ce soir-là et les
témoins n'avaient absorbé que du café. Les enquêteurs envisagent un moment que témoin n° 3 et
témoin n° 2 aient tué témoin n° 1 et fait disparaître son cadavre,
mais abandonnent cette piste et confient le dossier au commandant Cochereau. Ce dernier ne
croit pas en l'hypothèse de l'enlèvement par un ovni, témoin n° 1 ayant très bien pu
disparaître à pied ou en auto-stop
L'affaire fait les gros titres de la presse internationale d'autant que témoin n° 1 reste introuvable... pendant une semaine.
le , il réapparaît dans un champ de choux bordant la route sur laquelle il se serait "envolé". Il se retrouve debout, exactement à l'endroit où il se trouvait avec sa voiture lors de sa disparition. Il croit alors que sa voiture avait été volée et se précipite chez témoin n° 2. Trouvant porte close, il se rend chez témoin n° 3, qu'il s'étonne de trouver en pyjama, avant de lui annoncer le vol de sa voiture [qu'il faut se dépécher de partir ?]. témoin n° 3 lui explique qu'on le cherche depuis huit jours. Ils se rendent chez témoin n° 2, où ils sont bientôt rejoints par la mère et l'amie de Frank, Manina (21 ans). Là, tous discutent de ce qu'il convient de faire.
le , une radio périphérique reçoit un appel anonyme annonçant la "réapparition" de Frank (témoin n° 3 dira que c'était lui et qu'il avait laissé ses nom, prénom et adresse, mais on ne trouvera nulle trace de son appel). le la radio téléphone à la gendarmerie, qui apprend la nouvelle. Entendu par le parquet de Pontoise (par M. Houpert, Substitut du Procureur de la République), témoin n° 1 confirme en tout point les déclarations de ses amis, mais affirme tout ignorer de ce qui a pu lui arriver depuis le jour de sa disparition.
Les gendarmes sont très dubitatifs, même s'ils reconnaissent une apparente sincérité chez les témoins, et ont peine
à croire à un canular pour attirer l'attention : Cela ne pouvait que leur apporter des
déboires et ils semblent en être parfaitement conscients
, déclarera le commandant de gendarmerie Courcous, qui
dirige l'enquête. Et de fait, aucun des 3 témoins n'a de permis de conduire, la vérification de leur comptabilité
montre qu'ils vendaient leurs jeans à la moitié du prix qu'ils leur étaient facturés, et aucun n'était en règle avec
le fisc. témoin n° 1 déclarera plus tard : Si c'était à refaire, je raconterais
n'importe quoi, sauf la vérité, car elle me vaut trop d'ennuis
. On passe les vêtements et les lieux de
réapparition (sans aucune trace d'atterrissage) au compteur Geiger, procède à des prises de sang... mais rien
d'anormal. témoin n° 1 paraît en bonne santé : ni affamé, ni assoiffé, portant les mêmes
vêtements (non fripés, sans traces de boue) que le jour de sa disparition et ayant sur lui la même somme d'argent
(100 francs). témoin n° 2, lui, dit ne toujours pas croire aux ovnis, malgré l'événement.
Après 8 h d'interrogatoire, les 3 témoins sont libérés, libres de toute inculpation.
Interrogé sur sa période de disparition, témoin n° 1 semble retrouver la mémoire : C'était
agréable. Quand je dors, cela me revient, mais ce n'est pas un cauchemar
, ajoutant d'un sourire entendu : C'est
spécial.
Mais il se refuse à aller plus avant dans ses révélations : Si je vais plus loin, on ne me croira
pas et on me prendra pour un fou.
témoin n° 2 dit avoir reproduit son témoignage sous
hypnose. témoin n° 1, lui, s'y refuse : Si je parle sous hypnose, tout sera dévoilé et
je ne veux pas que tout soit dévoilé. Il y en a assez de toute cette histoire
(il le sera pourtant en janvier
à Marseille l'IMSA concluera à la bonne foi
des jeunes gens et de la réalité objective de leur aventure
). Pressé de questions, il pose ses conditions :
Pour tout révéler, il faut des garanties de l'État. Quand je serai sûr qu'on ne m'embêtera pas. Pour le moment,
ce qui est dans ma mémoire, je le garde pour moi
. Il fera pourtant la description suivante : J'ai repris
connaissance dans un laboratoire. Il y avait plusieurs machines. Des cadrans lumineux. Dans la pièce il y avait
des petites boules lumineuses, grosses comme des oranges qui se déplaçaient, et qui parlaient, "on" me parlait,
"on" conversait avec les boules
s3DeBrosse,
Marie-Thérèse:Paris-Match, 1979-12-21
- Interview de témoin n° 1.
Le GEPAN est saisi, et un enquêteur de la gendarmerie déclare : Pour nous, l'affaire est terminée, la parole est
maintenant aux scientifiques.
témoin n° 1, lui, ne leur accorde pas beaucoup de crédit : Hier, ils sont venus. Je leur ai
proposé d'en parler longuement, mais ils sont partis, disant qu'ils étaient fatigués. Alors le GEPAN, ça va comme ça.
La spéculation est intense, mais les enquêteurs
(tant ceux du GEPAN que du groupe privé Control) savent déjà que quelque chose ne va pas s4Compte-rendu d'enquête sur l'affaire de
Cergy-Pontoise, Control, 1982. De nombreux détails ne collent pas et témoin n° 2, à qui il n'est rien arrivé, prend une place prépondérante dans l'affaire : il
prétend être l'authentique contacté de toute l'histoire. L'extraterrestre Haurrio lui enverrait, à lui
seul, des messages télépathiques.
en , l'IMSA convainc témoin n° 1 de se faire hypnotiser, et publie après confirmation des
témoignages un communiqué mentionnant les menaces et intimidations
dont ont été l'objet les jeunes gens
depuis l'événement, ainsi que des que des vols et actes de malveillance
dont ils ont été victimes à Cergy-Pontoise, pendant leur séjour à Marseille s5Nouvelle République des Hautes Pyrénées, 1980-02-05. 4
mois après la réapparition de témoin n° 1, Jimmy Guieu publie
un livre avec les témoins s6Guieu,
J. & témoin n° 1 & témoin n° 2 & témoin n° 3: Contacts OVNI
Cergy-Pontoise, Editions du Rocher, 1980.
Le mystère est soigneusement entretenu et même cultivé. Les extraterrestres doivent se manifester à Cergy le . Des milliers de personnes se donnent rendez-vous. En vain.
Après que le GEPAN et des ufologues aient dénoncé le canular s8GEPAN: Cas
classé B, et au terme du délai de prescription de 3 ans pour outrage à magistrat, témoin n° 2 annonce en sur Radio Korrigan : L'affaire de
Cergy, c'est bidon
. Peu après, à la presse, il
déclare plus formellement encore :
J'affirme que l'affaire de Cergy-Pontoise est bidon du début à la fin. J'en suis le seul responsable. C'est moi qui ai tout organisé, tout monté. Je peux le prouver. témoin n° 1 a passé les 8 jours de sa disparition dans l'appartement d'un ami, à Pontoise ; c'est moi qui l'y ai conduit, et c'est moi qui l'ai ramené. Comment peut-on imaginer des extraterrestres venant enlever un guignols9 Parisien Libéré du 1983-07-07.
Malgré tout, nouvelle tentative de rendez-vous extraterrestre le , nouveau. A nouveau rien ne se passe.
Si la cause est entendue, les motivations restent à ce jour confuses et "l'arme du crime", autrement dit l'endroit précis ou Frank a passé cette semaine reste à déterminer. De nombreuses hypothèses ont été avancées pour expliquer l'affaire de Cergy-Pontoise, du canular simple à l'affaire à visée lucrative, en passant par une expérience psychologique menée par un groupe mystérieux.
Cette dernière hypothèse, soutenue par Jacques Vallée, serait une opération menée de
toutes pièces par une agence ministérielle
à travers laquelle se dessine l'empreinte des services secrets
français. L'affaire de Cergy-Pontoise serait alors une manipulation d'opinion consistant à étudier la façon dont
réagirait le public, les médias, les forces de police et les milieux scientifiques face à un événement extraordinaire.
L'informateur de Vallée affirme avoir recueilli directement les confidences de M.
D.,
l'un des organisateurs de l'opération, membre du STET.