À la fin du 19ᵉ siècle et au début du 20ᵉ, le terme "socialisme" jouit d'un grand pouvoir de séduction. La plupart des partis préoccupés par la "question sociale", l'amélioration de la condition des travailleurs et l'instauration d'une société "meilleure", se disent socialistes ou sociaux-démocrates. Cette popularité lui vaut d'être récupéré, même par les courants qui lui étaient opposés, pour s'attirer les sympathies de la population. Ainsi, en Russie, après la prise du pouvoir par les bolchéviques, les crimes et massacres commis sous Lénine et Staline le furent sous prétexte de la défense du socialisme. Plus tard, lorsque Hitler entreprit l'aventure qui allait l'amener au pouvoir, le parti qu'il fonda, il ne l'appela pas national-capitaliste (auquel cas, il se serait condamné à un échec irrémédiable !) mais national-socialiste (aucun parti capitaliste ne s'appelle Parti capitaliste). Après la guerre, le programme de nationalisations mis en œuvre par le gouvernement travailliste britannique est qualifié de socialiste. La force d'attraction du socialisme était telle alors que, dans ce pays, lorsque les conservateurs remportèrent les élections nationales de 1950, ils s'engagent à ne pas remettre en cause ces nationalisations (identifiées, de manière erronée, au socialisme). Ce qui leur vaut un éditorial du Manchester Guardian intitulé Tory Socialism.
De nos jours, les choses ont bien changé. Les horreurs perpétrées dans les pays "socialistes", de même que les compromissions et la corruption de gouvernements et partis "socialistes" s'en sont efficacement chargés. Au point que le terme socialisme est désormais indissociable du PS français dans le meilleur des cas, et de pays tels que la Chine "communiste", le VietNam, la Corée du Nord ou Cuba, dans le pire. Au cours des années, ce terme a été à un tel point galvaudé, déformé, décrié, traîné dans la boue et utilisé par les organisations les plus diverses, par les dictatures les plus criminelles et par des gouvernements "socialistes", que rien ne distingue de leurs homologues ouvertement capitalistes, que la tentation pourrait être forte de l'abandonner. De leur côté, les gouvernements capitalistes, souhaitant montrer la "chance" que nous avions de vivre de ce côté du Rideau de fer, dénoncent les horreurs commises en Russie "socialiste", et ses satellites. Ainsi, grâce aux puissants moyens de propagande des uns et des autres, ce matraquage a imprégné la conscience d'une majorité des habitants de la planète.
Phénomène central du monde économique occidental au XIXe siècle, l'industrialisation conduit à la prééminence de l'économie libérale libre-échangiste, notamment après 1848. Les néo-classiques apportent une première innovation en proposant la théorie de l'équilibre général. Le renouvellement des doctrines s'effectue à la fin des années 1860. Elle conduit à une diversification de la pensée économique puisqu'en lieu et place de l'école classique d'Adam Smith se développe une économie politique qui a pour objet la représentation de l'activité économique fondée sur l'échange (c'est l'école néo-classique : Jean-Charles Simonde de Sismondi) et, dans le cas de Marx, sur le capital et le rôle nécessaire de l'analyse historique dans le cadre de la formulation des doctrines économiques.
Sur cette base, le courant socialiste d'économie politique se développe par le biais d'une lignée de publicistes qui, d'Eugène Buret (1811-1842) à Karl Marx, entreprennent une lecture critique de l'école classique en opposant capital et force de travail. Marginalement d'abord avec les saint-simoniens, puis de façon organisée sous l'influence de penseurs (Leroux, Fourier), de publicistes (Etienne Cabet, Paul Lafargue) ou d'entrepreneurs (le chocolatier Emile-Justin Menier ou Godin, le concepteur des célèbres poêles), une nouvelle conception de l'économie politique s'édifie à laquelle Marx donne une cohérence sous la dénomination "socialisme scientifique", en opposition au socialisme utopique de Fourier et Proudhon qui privilégiaient, pour le premier le collectivisme des phalanstères, et pour le second la mise en place de structures coopératives et la gratuité du crédit.
Des courants issus du socialisme sont :
Références :