Wilhelm Reich naît en à Dobrzcynica (Autriche). en sa mère se suicide après qu'il a dit à son père qu'elle avait une liaison avec son précepteur. Son père meurt 3 ans plus tard d'une tuberculose, et Wilhelm se retrouve à la tête de la riche ferme familiale. en il arrive comme officier dans l'armée autrichienne et combat sur le front italien de la première guerre mondiale. En en , ne pouvant retourner chez lui en raison des nouvelles frontières imposées par le Traité de Versailles, il entame des études de médecine universitaire, à la Société Psychoanalytique de Vienne. Dès en il pratique la psychoanalyse malgré son manque de formation universitaire. Dès l'obtention de son diplôme en , Reich se lance dans la psychanalyse et la psychiatrie en pratique privée, tout en continuant ses études de neuropsychiatrie. Pendant 12 ans, il demeure à Vienne. Devenu très jeune l'un des plus éminents membres de la Société Psychanalytique de Vienne — dirigée à l'époque par son fondateur Sigmund Freud, il occupe de en le poste de premier assistant dans la polyclinique psychanalytique de Freud.
Dès le début, son œuvre soulève de nombreuses polémiques. On dira de lui qu'il était un égotiste paranoïaque qui
ne comprenait rien à la méthode scientifique ni même aux domaines dans lesquels il prétendait avoir fait des
découvertes révolutionnaires.
Ce jugement, émis par Martin Gardner dans son ouvrage intitulé Le Troisième Reich
et l'Obsession de l'orgone, reflète l'opinion généralement répandue dans les milieux scientifiques. Durant toute
sa vie — et même après sa mort — Reich sera l'objet des critiques les plus virulentes. Elles auront pour effet de
faire oublier le grand pionnier qu'il aura été dans le domaine de la recherche sur la libido, au profit d'une
image sulfureuse, due en grande partie à ses mœurs fort libres et au fait qu'il ait cultivé l'indiscipline.
Dès le début de sa carrière, son travail porte sur la sexualité et l'orgasme en particulier. Ses recherches l'amènent à la conclusion suivante : au moment de l'orgasme se libère une énergie d'un type très particulier, à laquelle il donne le nom de "orgone". Mais pour Reich, cette énergie, loin d'être confinée au seul plaisir sexuel, est essentiel à tous les aspects d'une vie saine. Elle seule pourra délivrer l'Homme de l'angoisse et le mener au bonheur. Cependant, pour certaines raisons liées à l'enfance, la fonction naturelle de l'orgasme est réprimée chez de nombreux sujets, provoquant des phénomènes pathologiques à la fois sur le plan physiologique et psychologique.
en , Reich avance des hypothèses audacieuses dans La Génitalité dans la théorie et la thérapie des névroses. Cet ouvrage, ainsi que d'autres écrits, provoquent une rupture avec l'école freudienne.
A partir de en , il habite Berlin (Allemagne). Il milite activement au sein du Parti Communiste allemand, dans lequel il ne devient vite guère en odeur de sainteté, ni au sein de l'Association psychanalytique internationale. De fait, il est exclu de ces 2 organisations.
A parti de en , ses recherches sur l'orgone accaparent tout son temps et l'obligent à mettre fin à sa pratique privée de la médecine. Fort de ses premiers travaux, Reich aboutit à l'idée que cette énergie, l'orgone, n'est pas uniquement libérée pendant l'orgasme, mais qu'elle représente une force vitale qui sous-tend l'ensemble de la création — une sorte de force cosmique, invisible et omniprésente, constituant le fondement même de l'existence. Sa théorie est que tous les maux humains résultent de blocages dans l'écoulement de cette force. En conséquence, il concentre ses travaux sur la manière de capter, d'utiliser, de développer et, d'une façon générale, de manipuler l'orgone.
Mais en marque aussi le début des démélés de Reich avec les autorités. Juif, communiste et psychanalyste : 3 bonnes raisons qui le contraignent à fuir Berlin. Les nazis brûlent ses livres. Reich se réfugie d'abord au Danemark, mais très vite on lui fait comprendre que là aussi on le juge indésirable. Même scénario en Angleterre, puis en Suède. Si la Norvège se montre plus clémente, ce qui lui permet de fonder à Oslo, en , l'Institut de recherches biologiques d'économie sexuelle. Mais cela ne dure qu'un temps et il doit vite émigrer aux Etats-Unis, en .
Accueilli par Théodore P. Wolfe, spécialiste de la médecine psychosomatique, il obtient un poste à la New York School for Social Research, où il dispense un enseignement portant sur la biophysique de l'orgone.
en , il achète une vaste propriété de 80 ha dans le Maine, qu'il baptise Orgonon. C'est là que s'implante la fondation Wilhelm Reich, au sein de laquelle il diversifie activement ses recherches.
Inventeur, savant, psychiatre, philosophe, sociologue, Reich se voulait tout cela à la fois. Son principal outil
thérapeutique, il le fabrique de ses propres mains : c'est l'accumulateur d'orgone.
Il s'agit d'une boîte de
la taille d'une cabine téléphonique, dont les parois se composent en couches alternées de métal et de matériaux
organiques. L'utilisateur s'assoit à l'intérieur de la boîte, de façon à absorber l'orgone qui s'accumule comme la
chaleur dans une serre. L'orgone concentrée est présumée guérir des maladies aussi différentes que le cancer,
l'impuissance et l'ensemble des troubles liés au refoulement sexuel. Il existe également des modèles de taille plus
réduite, telle que la couverture à orgone
et l'entonnoir à orgone
qui est utilisé pour diriger la
précieuse énergie vers des points particuliers du corps humain.
Mais Reich découvre rapidement que l'orgone possède également un côté destructeur, qu'il nomme Deadly Orgone Radiation (DOR). Afin de dissiper les DOR accumulées dans l'atmosphère, Reich crée un engin composé de longs tuyaux creux parallèles. Plantés en terre, les tuyaux sont irrigués par une source d'eau courante. Tel un paratonnerre, la machine est censée attirer les DOR présentes dans le ciel.
en , Wilhelm Reich signe un contrat de 5 ans avec la CIA. Il lui
fournit son appareil de contrôle du temps atmosphérique, capable "d'aspirer" les DOR, et donc de réduire la violence d'une tempête. Le
gouvernement teste le matériel sur une tempête avec succès et déclenche une nouvelle phase du projet Phénix, consistant à lancer pas moins
de 200 à 500 radiosondes par jour. Ces petites boîtes blanches, conçues au laboratoires
de Brookhaven sur la base des travaux de Reich, sont attachées à un ballon, et officiellement lancées pour
recueillir des données météorologiques. Elles émettent un signal oscillant continu sur un rayon de 161 km, visant à convertir l'énergie électrique en énergie étherique
. Elles utilisent d'abord la fréquence
de 403 mHz (plus ou moins 2 mHz), puis celle de 1680 MHz (plus ou moins 6 mHz). À l'intérieur se trouve un thermistor
composé d'or, d'argent, de platine et d'irridium (Reich utilisait de l'or et de l'argent). L'élément concernant
l'humidité est une plaque de plastique cerclée d'argent, avec les lignes conductrices la parcourant. Une
association assez inhabituelle d'éléments chimiques est répandue sur cette plaque. Contrairement à la plupart des
"humistors", la résistance s'active lorsqu'elle est humidifiée. La baguette de "thermistor" (sensible à la
température) agit alors comme une antenne DOR déphasée. Le
"capteur d'humidité" agit comme une antenne pour l'orgone. Le capteur de pression est grossièrement ce qu'ils
appellent une aiguille de cylindre, qui est une aiguille traçant régulièrement la pression. L'appareil devait
anéantir les DOR et produire de l'orgone. Le transmetteur
consiste en 2 oscillateurs, l'un fonctionnant sur la fréquence de la porteuse (403 ou 1680 MHz) et l'autre à 7 Mhz
calé sur la grille de l'oscillateur de porteuse. Le résultat est un oscillateur à 7 mHz pulsant on et off. Le
gouvernement ne peut dire qu'il s'agit d'appareillages visant à contrôler le temps atmosphérique. C'est de la
combinaison de ce projet (contrôle du temps atmosphérique à l'aide de méthode de transmission par radiosondes) et
de l'Expérience de Philadelphie (invisibilité) que
nait le projet Phénix, visant au
contrôle de la pensée, ou altération de l'humeur
selon les termes gouvernementaux.
en , le contrat avec la CIA arrive à son terme.
A son grand étonnement, Reich s'aperçoit que sa machine est également capable de produire un phénomène de condensation dans les nuages et donc de faire pleuvoir. Il la baptisera donc cloudbuster.
Reich obtient des résultats concrets. Ainsi reçoit-il 1000 $ de Osmon Merrill (un agriculteur) et de H. B.
Phillips (banquier) pour avoir sauvé une récolte de myrtilles en (de nos jours, un homme a pris
la relève de Reich dans le domaine de la lutte anti-nuages.
James de Meo, l'un des principaux faiseurs
de pluie
américains, sillonne toujours les routes avec sa machine... prétendant obtenir d'excellents
résultats).
le , à Rangeley (Maine), Reich observe durant 15 mn 2 lumières brillantes se déplacer dans la vallée, devant la montagne s1[cas Blue Book non résolu]. Il est convaincu des ovnis viennent régulièrement visiter la Terre. Il les appelle les "Energies Alpha" ou "EA". D'après lui, les "EA" sont propulsés par des moteurs à orgone, dégageant de grandes quantités de DOR, radiations mortelles. Dans un premier temps, Reich pense qu'il s'agit là d'un sous-produit innocent du système de propulsion des vaisseaux spatiaux, mais il devient rapidement convaincu que des extraterrestres hostiles l'espionnent et cherchent délibérément à nuire aux Terriens. Mais sa machine anti-nuages draine les DOR des moteurs, obligeant les EA à s'enfuir. Cette année-là, lorsque Reich prétend avoir mis en fuite sa première EA, il note ceci dans son journal :
Ce soir, pour la première fois dans l'Histoire, l'Homme a gagné une victoire dans la guerre qu'il mène depuis des temps immémoriaux contre des entités vivantes extraterrestres.
Le travail de Reich finit par attirer l'attention des pouvoirs publics. La même année, avec la collaboration de
l'AMA et des milieux psychiatriques américains, la FDA ordonne une enquête contre Reich et sa fondation, convaincue que les
accumulateurs d'orgones, les couvertures et les entonnoirs portent atteinte à la santé des malades crédules, tout
en les écartant des soins médicaux classiques dont ils auraient le plus grand besoin. C'est ainsi qu'ils
interdisent à Reich d'expédier ses inventions aux 4 coins des Etats-Unis. Reich refuse de comparaître devant le
tribunal, car selon lui ses travaux relèvent d'une Recherche Naturelle fondamentale
qui est à elle-même sa
propre justification, et n'a pas en conséquence à être défendue devant une quelconque juridiction. Il explique sa
position dans une réponse écrite adressée aux juges :
Le gouvernement des Etats-Unis n'est pas habilité à traiter de la Loi Naturelle Fondamentale. Or l'orgonomie est une branche de la Science Naturelle Fondamentale... Se présenter au tribunal pour "défendre" la Recherche Naturelle Fondamentale constitue en soi un acte absurde. En effet, toute investigation dans ce domaine se situe en dehors de la compétence juridique d'une administration sociale quelle qu'elle soit. Le droit de l'Homme à la connaissance doit être protégé, si le terme Liberté doit signifier plus qu'un slogan politique vide de sens. Je ne comparaîtrai pas devant le tribunal pour "me défendre" contre un plaignant dont la nature même de la plainte prouve qu'il ignorait tout de la science naturelle...
en , à Rangeley (Maine), Wilhelm Reich observe durant en 2 lumières brillantes se déplacer dans la vallée, devant la montagne.
le , une décision de justice est prise à son encontre par défaut. Reich se dit victime
d'une conspiration orchestrée par des facistes rouges
au sein de la FDA.
Par la suite, Wilhelm Reich est accusé d'outrage à magistrat pour avoir refusé de se conformer à cette injonction. Poursuivi par un tribunal en , il est sévèrement puni. Dans un jugement tout à fait inhabituel, l'Etat du Maine ordonne la destruction par le feu de ses écrits. Wilhelm Reich lui-même est condamné à 2 ans de prison et à une amende de 10000 $. Il est incarcéré dans la prison de Lewisburg, où il meurt d'une embolie pulmonaire le .
Plus tard, Peter Reich, le fils de Wilhelm, publie un livre intitulé A Book of Dreams, où il décrit la relation toute particulière qui le liait à son père. Il y décrit leur vie à Organon (devenu aujourd'hui le musée Wilhelm Reich), et le plaisir qu'ils prenaient ensemble à faire pleuvoir grâce à la machine (le cloudbuster) de son père.
L'artiste Kate Bush lu le livre de Peter Reich, qui l'inspira pour composer sa chanson Cloudbusting.