Il existe une 2nde raison au rejet par Méheust des acquis de la parapsychologie, et beaucoup plus importante car affective.
Un phénomène psi ne prouve rien de plus que la croyance de celui qui en témoigne ; la preuve d'une transgression de lois physiques connues est ici d'ordre moral et non physique (par nature créatif, le psi ne peut par définition être reproductible). Or ce qui frappe chez Méheust et les ufologues, comme chez les chercheurs spirites ou les spécialistes catholiques des apparitions mariales, c'est la censure au second degré qu'ils exercent autour du phénomène qui les intéresse ; car, sur le fond, les théologiens disent exactement ce qu'attend leur communauté (sans quoi ils ne seraient plus considérés comme tels). Le phénomène conforte chez eux une certaine croyance transcendantale, latente ou non, et propre à leur culture ; aussi, tout aspect du phénomène qui y contreviendrait doit être officiellement considéré comme négligeable ou aberrant, et officieusement comme dangereux. Quoi qu'ils en disent, ce n'est pas du tout l'explication du phénomène qui les intéresse, mais le phénomène lui-même en tant que symbole " numineux " (d'une volonté cosmique), lourd de révélations miraculeuses dont ils connaissent en fait déjà la teneur. Avant tout, ils aiment leur phénomène ; ils s'aiment à travers lui n1Ce reproche d'ailleurs peut s'adresser à la plupart des chercheurs dès qu'ils entendent dépasser, d'une manière ou l'autre, leur spécialité. Pour cela, il faut nécessairement remettre en cause certains des présupposés fondamentaux de celle-ci. Combien se contentent simplement d'extrapoler et de situer à un niveau métaphysique ces postulats ! On peut même affirmer que la plupart des travaux épistémologiques ne sont qu'une simple projection fantasmatique d'habitudes professionnelles... quand ce n'est pas de troubles mentaux ou de débilité philosophique : les psychanalystes lacaniens en sont un exemple caricatural. Le pire, en France, est atteint avec le neurobiologiste Changeux, professeur au Collège de France, incapable de comprendre le b-a-ba de la morale et que le gouvernement a nommé pour ces excellentes raisons président du Comité national d'éthique médicale ! s1Pour en revenir aux ovnis, il est parfaitement illusoire d'espérer en rendre compte par une science déjà établie. Il faut non seulement prendre des risques aussi bien scientifiques que métaphysiques, mais même se convaincre qu'il s'agit des mêmes. Si mythe il y a, c'et celui, scientiste, du matérialisme occidental. Avec son ethnocentrisme, Méheust entend asseoir l'illusion de l'intelligence artificielle.
Ainsi Méheust n'ignore pas les travaux expérimentaux, considérables, que les parapsychologues ont effectué sur l'ectoplasmie et qui portent à la fois sur ses aspects physiques, physiologiques, psychologiques et sociologiques. Méheust n'ignore pas non plus que certains ufologues ont tenté et réussi une approche expérimentale du phénomène ovni. Il n'en parle tout simplement pas. Pas une ligne. Rien non plus sur le finalisme immanent, l'inversion temporelle et la transmission d'intentions, au cœur pourtant du problème et qui ont donné lieu à d'innombrables publications dans les disciplines les plus diverses. Rien enfin ou presque - bien que Méheust soit philosophe de formation - sur les métaphysiques compatibles, explicitement ou non, avec les phénomènes psi ou ovni.