Une signification ne peut être décrite que circulairement : des perceptions entraînent des conceptions qui entraînent à leur tour des croyances, puis des désirs, des actions, des perceptions, etc. Et sur ce cercle dénotatif fleurissent projections, introjections et phénomènes psi. 1 exemple entre 1000 : là où un observateur nocturne constate une luminescence aérienne très dense entourée d'un halo, le contacté remarque des hublots et des scaphandres transparents, le spirite distingue des cierges et des suaires tandis que le rêveur ordinaire se contente d'imaginer un éclairage a giorno. Une signification ne peut être isolée dans le temps ou dans l'espace ; il n'y a pas à trancher entre la poule et l'oeuf. De ce point de vue, un placebo n'est pas un objet et le patient n'est pas plus dissociable de son thérapeute que l'individu n'est isolable dans une foule.
Si l'espace-temps d'une signification est irréductiblement cybernétique (ce dont convient Méheust à propos de mythe s1Méheust 1992, p. VI), cela implique bien un certain solipsisme, mais pas celui que notre auteur distingue s2Méheust 1978, p. 251 et 274. Non seulement la logique classique n'a rien à dire sur l'intentionnalité (a fortiori sur la signification), mais de plus les logiques non classiques excluent toutes l'inversion temporelle. Or une logique de la signification ne peut être que dialectique et personnaliste, puisque le champ subjectif transmet des intentions (personnelles par définition) du futur vers le passé. Une signification, l'ovni en particulier, est irréductiblement d'origine externe et interne, d'où cette complémentarité stricte entre ostentation et esquive.
Méheust constate que l'ovni se comporte exactement comme s'il connaissait à l'avance les circonstances fortuites où il va se trouver s3Méheust 1978, p. 262. En bon français, cela s'appelle une conduite prémonitoire ; on la trouve parfois chez les êtres vivants, souvent chez les artistes, constamment dans une foule, chez les somnambules, chez les créateurs (c'est une manière de les définir) et donc bien sûr chez les créatures imaginaires (comme les personnages oniriques, qu'ils soient ou non matérialisés).