La science a résolu la plupart des mystères de la Nature, mais ce phénomène peu commun connu sous le nom de "foudre en boule" attend toujours une explication que tous les scientifiques peuvent accepter. Dans cet article un expert bien connu en météorologie cite nombre de cas étranges des capers de cette bizarrerie électrique et présente les quelques explications plus logiques de ce qu'est réellement la foudre en boule.
Tôt un matin d'avril dernier, alors qu'une tempête faisait rage, un train de la Reading Railroad se trouvait à la gare d'Atlantic City. La voiture de derrière contenait 6 passagers ; 5 hommes et 1 femme. Une forte détonation fut entendue, la voiture secoua violemment, et les occupants furent terrifiés de voir une boule de feu, d'environ la taille du balle de baseball, entrer par la porte arrière ouverte de la voiture. Après une fraction de minute la boule disparut sans laisser aucune trace de sa visite.
De nombreuses autres observations plus ou moins semblables sont répertoriées chaque année dans les journaux scientifiques et d'actualités. Le phénomène est classé comme étant de la "foudre en boule", et tellement de descriptions circonstanciées en ont été publiées que ses caractéristiques sont bien connues de la science, bien qu'il n'ait jamais été expliqué de manière satisfaisante. Il y a quelques années un certain Dr. Walther Brand allemand publia un livre contenant une analyse minutieuse de 215 cas, sélectionnés comme particulièrement fiables, à partir d'un nombre bien plus grand de rapports publiés. Dans ce pays le Dr. W. J. Humphreys, du Bureau Météorologique, recueille les signalements de foudre en boule depuis plusieurs années, et il a dernièrement diffusé un appel dans les journaux pour obtenir d'autres témoignages.
La foudre en boule intervient pendant les orages prend la forme d'une masse lumineuse ronde, souvent rouge, mais parfois d'autres couleurs, qui peut commencer par apparaître émergeant de la base d'un nuage, ou peut se former en plein air, ou, encore une fois, peut soudain apparaître reposant sur un objet terrestre. Dans de nombreux cas, elle entre dans les bâtiments au moyen d'une fenêtre, porte, cheminée ou autre ouverture, grande ou petite. Un son de sifflement, bourdonnement ou de palpitation l'accompagne souvent. La boule peut tomber ou flotter dans l'air, ou elle peut rouler sur le sol ou une autre surface. Dans certains cas, elle reste stationnaire pendant un moment. Elle reste visible pendant des périodes allant d'une petite fraction de seconde à plusieurs mn, et elle peut disparaître silencieusement, ou avec un craquement lumineux, ou avec une explosion violente. Souvent, mais pas toujours, l'apparition de la boule est précédée par un éclair de foudre classique.
Un des cas les plus étranges répertorié de foudre en boule eut lieu il y a de nombreuses années sur une ferme en France. Lors d'un violent orage 2 enfants se trouvaient à l'abri du porche d'une étable. De là d'où ils se tenaient la cour de ferme descendait sur une distance de 20 yards vers une grande mare, près de laquelle poussait un peuplier. Soudain une boule de feu de la taille d'une pomme apparut au sommet de l'arbre. Elle fut alors vue descendre de branche en branche et suivre le tronc jusqu'au sol, le long duquel elle roula très lentement, comme si elle choisissait son chemin entre les flaques de pluie, jusqu'à atteindre l'entrée de l'étable. Un des enfants eut l'audace de la toucher avec son pied, lorsqu'elle explosa instantanément avec une détonation terrifiante. Les enfants furent renversés sans en garder aucune blessure, mais sur 25 têtes de bétail qui se trouvaient dans l'étable à ce moment, 11 furent tuées !
Un autre cas bizarre eut lieu en Italie. Une paysanne, pendant un orage, vit une boule flamboyante grosse comme 2 poings rouler sur le sol vers ses pieds nus. Elle disparut sous ses jupes, qui se soulevèrent soudain comme par un coup de vent, et un instant plus tard émergea du creu de son corsage. Elle tomba au sol mais ne sans être blessée, et la seule marque trouvée sur son corps fut une sorte d'éraflure s'étendant de son genou droit à sa poitrine. Ses habits étaient légèrement abîmés.
Dans un cas rapporté du Kentucky un garçon se tenait sous un porche à regarder un orage, lorsqu'une petite boule de feu fonça soudain vers lui. Il se retourna pour courir, mais la boule s'alluma sur un de ses doigts puis disparut. Elle ne laissa aucune marque, mais son doigt resta engourdi pendant un moment. En contraste avec ces cas inoffensifs, certaines rencontres avec la foudre en boule se sont révélées fatales pour des êtres humains, y compris celle bien connue qui coûta la vie au professeur Richmann, à Saint Petersbourg, en . Inspiré par les expériences de Benjamin Franklin, ce physicien avait érigé un paratonnerre menant à son laboratoire et s'en tenait à proximité pendant un violent orage. Au moment où un éclair frappa, un globe flamboyant sauta de la tige et le frappa sur le front, le tuant instantanément.
La foudre en boule a été fait l'objet d'une controverse incessante chez les scientifiques pendant plus d'un demi-siècle et des douzaines d'explications ont été proposées bien qu'aucune n'ait encore rencontré de consensus. Plusieurs enquêteurs ont supposé que les boules sont constituées de matière chauffée jusqu'à l'incandescence par la décharge électrique de l'orage. Lorsqu'un fil de métal est fondu en envoyant un fort courant électrique à travers lui, on le voit parfois se briser pendant un instant en un certain nombre de points luisants, comme un collier de perles, et une strie de foudre adopte parfois la même apparence. en une foudre "perlée" comme en boule fut observée lors d'un orage à Paris. Un physicien français, Gaston Plante, fut ainsi amené à suggérer que la foudre en boule commence toujours comme une trie de foudre "perlée", formée par le chauffage intense de l'air sur la trajectoire d'une décharge ; les parties luisantes de la strie finissent par s'éparpiller, et on les voit donc sous forme de boules distinctes.
Le Dr. Humphreys, l'autorité américaine en matière de foudre, pense que de nombreux cas rapportés de visions de boules sont dûs à une illusion d'optique. Il indique :
Une forme courante de foudre en boule apparente est celle où une 'boule' brillante est décrite frapper un certain point puis rebondir au loin à une plus ou moins grande vitesse sur le sol, pour finalement partir en un "bang". L'explication est la suivante : là où la foudre frappe arrive souvent un éclair brillant, bien plus brillant que la strie elle-même. Il s'agit de la "boule". Elle éblouit l'œil et produit une image qui persiste pendant plusieurs secondes, presque toujours d'un côté du champ de vision, parce que l'on regarde rarement exactement l'endroit frappé au moment où cela arrive. Ainsi, en tournant la tête pour regarder directement l'éclat éblouissant, ce dernier tourne lui-même également, en tant qu'image persistant sur la rétine, et non plus un phénomène objectif. Mais le mouvement de l'œil est irrégulier, et donc la "boule" continue à bondir tout du long. Au bout d'un court moment le tonnerre arrive et fait plus ou moins sursauter l'observateur. C'est là que la prétendue boule "explose".
Une explication qui semble correspondre à des cas de supposée foudre en boule est que l'objet identifié par l'observateur comme une boule flamboyante est en fait une aigrette électrique, comme il en arrive dans le phénomène bien connu de feu de Saint Elme, ou corposants. Ces décharges sont souvent vues par des temps orageux aux extrêmités et angles d'objets élevés, comme les paratonnerres, les clochers, les ridge poles des maisons et les longerons de navires. Ils forment aussi la couronne "bleuâtre" vue la nuit le long des lignes électriques transportant des courants de voltage élevé.
Dans le champ électrostatique d'un orage un objet léger flottant dans les airs ou soufflé sur le sol par le vent peut émettre une aigrette électrique et afficher l'apparence globale de foudre en boule. Si, alors que le phénomène est observé, un éclair puissnat frappe dans les environs, cela neutraliserait temporairement le champ, l'aigrette disparaîtrait, et le coup de tonnerre qui l'accompagne serait attribué à l'"explosion" de la boule.