Statistiquement parlant, une photographie incontestable doit tôt ou tard apparaître si les ovnis sont une réalité physique. Chaque année qui passe sans qu'une telle photographie soit présentée va à l'encontre de la position que des objets inconnus opèrent dans l'atmosphère terrestre s1— Stuart Nixon, 1972-11
Si la phrase de Stuart Nixon ci-dessus est fausse, c'est moins à cause des critiques que pourront lui faire ses collègues Donald E. Keyhoe et Richard H. Hall que parce qu'elle suppose la photo comme une preuve "incontestable" potentielle.
Beaucoup des gens considèrent l'image comme une preuve, à tort. La meilleure des photos (surtout si elle est récente) ne constitue qu'un indice parmi d'autres dans une enquête.
Comme tous les indices, son interprétation dépend :
Si vous n'avez pas le négatif, l'analyse est une perte de tempsdit Jacques Vallée comme de nombreux autres.
Comme le dit Josef Allen Hynek, Les canulars sont souvent accompagnés de photographies, sur la
base de l'idée erronée qu'une photographie vaut 10000 mots. En fait, une photographie ne vaut rien à moins que nous
connaissions toutes les circonstances dans lesquelles elle a été prise. Je ne prendrais tout simplement pas une
photographie au sérieux à moins de pouvoir interroger les témoins qui ont vu l'objet en question être photographié
et à moins que je puisse avoir accès au négatif d'origine et aux données techniques de l'appareil photo. Jusqu'ici,
je n'ai pu aucune accepter aucune photographie comme représentant une preuve scientifique incontestable de
l'existence d'objets étranges véritables
s3Hynek, J. A.:
"The UFO Gap", Playboy n° 12, vol. 14, décembre
1967, pp. 144, 146, 267-271. Une idée que confirme Richard F. Haines,
lorsqu'il indique que, contrairement à une idée reçue, le problème ne réside pas tant dans les détails de la
photographie et de son négatif que dans le photographe et l'équipement utilisé. C'est pour cette raison que l'on
doit faire attention à pleinement documenter des détails apparemment sans importance concernant la personne
prenant la photographie, la situation sociale qui entoure la(les) photographie(s), les données de l'appareil
photo-objectif-pellicule, les activités de développement épreuve-agrandissement et la manière dont la photographie
est venue à l'attention de l'enquêteur. Une telle image photographique étant aussi crédible que le photographe qui
l'a prise, on doit exercer une "juste diligence" dans chacun de ces domaines. Nombre de vieilles photographies
d'ovnis restent des éléments inutilisables de l'énigme ovni parce que l'enquêteur n'a pas ou n'a pas pu obtenir
toute l'information contextuelle pertinente
s4Haines, Richard F.: "Introduction", Analysis
of a UFO photograph, 1987.
La photographie souffre toutefois d'un handicap non négligeable : par définition, elle ne retrace pas le mouvement, contrairement aux films. Ainsi, la photographie d'un phénomène paraissant mystérieux figé dans le temps, peut se révéler être celle d'un objet trivial (un oiseau, un morceau de papier, etc.) quand son mouvement est visible. D'une manière générale, une photographie peut être interprétée correctement comme incorrectement. Les interprétations incorrectes (pareidolie, sorte d'apophénie strictement picturale) peuvent résulter de ressemblances relativement objectives comme de volontés de croire (à une origine extraordinaire, mais aussi parfois à une origine rationnelle).
La modernisation de la photographie numérique a également apporté quelques nouveaux handicaps, comme :
Avec l'ère du numérique arrive aussi une capacité accrue des ordinateurs à produire des images de synthèse réalistes, de sorte qu'il devient pratiquement impossible de distinguer des images calculées d'images réelles captées, et que seule reste l'intime conviction si l'on se cantonne à la seule analyse de l'image (en dehors des autres éléments importants de contexte, voir plus haut). Cette intime conviction n'a cependant aucune valeur de preuve. D'aucuns feront des interprétations différentes du même détail, débouchant sur la même controverse que celle entretenue sur les témoignages d'ovnis (subjectivité de l'interprétation d'image, utilisation d'argument d'autorité pour faire valoir une interprétation par rapport à une autre, etc.).
Un certain nombre de photos truquées d'ovnis utilisèrent des maquettes.
Fait d'exposer 2 fois une pellicule photographique, afin de superposer 2 images sur une même photographie. L'utilisation d'un tel procédé peut être détectée par un scanning au microdensimètre (détectant par exemple un bord double en cas d'avancement manuel de la pellicule).
Tous les appareils ne permettent pas de réaliser une double exposition, de par leur dispositif de verrouillage.
Les reflets (flares) Sorte de "double exposition naturelle", ce trucage consiste à photographier (ou filmer) une vitre laissant apparaître un paysage sur lequel viennent s'ajouter des reflets sur la vitre.
Avec la démocratisation des nouvelles technologies la génération d'images réalistes par ordinateur (CGI) est de plus en plus utilisée pour fabriquer des photos ou videos d'ovnis.
Références :